Réalité virtuelle (RV), réalité augmentée (RA) et réalité mixte (RM) sont bien connues du grand public mais où en est leur utilisation par les professionnels ?
Que sont les expériences immersives et quelle est actuellement leur utilisation ?
Les 3 R – réalité virtuelle (RV), réalité augmentée (RA) et réalité mixte (RM) – existent maintenant depuis quelque temps et sont généralement considérées comme des technologies grand public. Certaines de leurs applications les plus puissantes et les plus intéressantes ont cependant eu comme terrain, jusqu’à présent, le monde économique et l’industrie. La façon dont nous visualisons les données et interagissons avec elles va prendre de l’importance au fur et à mesure que les humains continueront à collaborer toujours plus étroitement avec les outils numériques. Les données l’exigeront.
Certains secteurs font déjà la course en tête et reconnaissent les possibilités uniques qu’une technologie comme la RM peut offrir aux ouvriers des chaînes de montage. Des fabricants comme Airbus utilisent par exemple la RM pour augmenter les capacités de leurs ateliers en mettant des guides d’information technique à la disposition des opérateurs affectés à la construction des ailes des avions. En s’appuyant sur des données CAO, l’entreprise crée des doubles numériques des avions et de leurs composants à des fins de conception et de maintenance, et utilise également des outils immersifs pour améliorer la formation. Renault Trucks est une autre de ces entreprises : la société utilise des outils immersifs pour aider à améliorer la conception de ses véhicules et assurer le contrôle qualité.
Tout cela montre que les expériences immersives sont en train de devenir un élément fondamental pour la visualisation et la manipulation des données dans l’industrie, pour favoriser une meilleure exactitude et une efficacité optimisée dans la production et la maintenance. En ce sens, elles œuvreront de concert avec l’intelligence artificielle, offrant aux utilisateurs des perspectives interactives pour tous les objets connectés à un réseau. Comme l’affirme Tuong Nguyen, analyste de recherche principal chez Gartner, les entreprises doivent considérer les technologies immersives et l’IA comme mutuellement bénéfiques. L’amélioration de l’IA ira de pair avec celle des technologies immersives, et inversement.
Quel sera l’impact de cette technologie sur le monde du travail dans cinq ans ?
Plus d’un tiers des personnes interrogées estiment que les technologies immersives auront un impact majeur au cours des cinq années à venir. Dans l’ensemble, toutefois, les personnes interrogées voient en elles, de toutes les technologies émergentes que nous avons étudiées, celle qui aura l’impact le plus réduit.
Tout cela s’explique probablement en grande partie par un problème de perception. Les technologies immersives existent depuis longtemps déjà et n’ont jamais vraiment pris leur envol, au moins auprès du grand public. Elles semblent presque avoir toujours été en avance sur leur temps, ou avoir cherché absolument des problèmes à résoudre. Mais tout cela est en train de changer. Certes, les sceptiques ont des raisons de l’être, mais dans cinq ans la situation pourrait être totalement différente au vu de l’accélération de l’IdO, de l’apprentissage cognitif et des données produites. Plus que jamais, on aura besoin d’humains pour interagir plus directement avec les technologies numériques, et les outils immersifs peuvent offrir des IU de plus en plus exactes pour permettre une meilleure visualisation.
Comme Gartner le suggère dans ses prévisions pour 2019, une évolution pourrait se produire en passant d’une réflexion axée sur des appareils individuels et des technologies IU fragmentées à une expérience multicanale et multimodale. L’expérience multimodale va connecter les personnes au monde numérique par le biais de centaines d’appareils de périphérie qui les entourent en permanence : appareils informatiques traditionnels, technologies portables, automobiles, capteurs environnementaux, appareils ménagers... L’environnement, c’est l’ordinateur.
Gagnerons-nous en productivité avec les expériences immersives ?
D’une manière générale, 36 % des personnes interrogées estiment qu’elles nous rendront plus productifs. Ce pourcentage atteint toutefois 41 % dans les entreprises de 500 employés et plus. Ce point est intéressant, car si l’on est convaincu que les expériences immersives vont augmenter la productivité, pourquoi ne sont-elles pas vues comme une technologie capable de produire un impact majeur plus rapidement ? De toute évidence, les grandes entreprises qui ont eu les ressources pour investir dans les outils immersifs et les explorer en ont déjà vu les bénéfices. C’est là que les expériences immersives gagneront en premier lieu le plus de terrain, dans les grandes entreprises industrielles capables d’utiliser la technologie pour former leur personnel et accroître le contrôle qualité de la maintenance et du service en réalisant des économies d’échelle.
Si les pays nordiques sont la région la plus positive, avec 44 % des personnes interrogées estimant que les expériences immersives nous rendront plus productifs, le groupe le plus confiant est celui des vice-présidents de l’informatique/DSI de tous les secteurs, dont plus de la moitié des représentants s’attendent à ce qu’elles entraînent une hausse de la productivité. Peut-être les technophiles comprennent-ils tout le potentiel des outils immersifs et ne se laissent-ils pas influencer par des perceptions générales, émanant souvent des consommateurs.
Bien que les outils immersifs devraient améliorer les connaissances des collaborateurs et offrir une IU permettant de visualiser et de traiter les données, nous rendront-ils vraiment plus productifs ? Les outils immersifs renforceront l’importance des travailleurs dans un monde de plus en plus piloté par les données, en leur permettant de travailler avec davantage d’exactitude dans l’environnement numérique.
Quels sont les freins à cette technologie ?
D’une manière générale, les actions de la direction en ce qui concerne la mise en oeuvre de la technologie sont vues comme des freins (27 %), hormis en France où le manque de compréhension et le comportement des employés sont identifiés comme les principaux obstacles (24 % et 30 %), ainsi que dans les pays nordiques, où la majorité des personnes interrogées estiment qu’un manque de compréhension est à blâmer (32 %).
Les technologies immersives pâtissent sans aucun doute d’un problème de perception. Souvent, les analystes disent de ces technologies qu’elles manquent d’applications incontournables. Si l’affirmation peut être vraie dans la sphère grand public, elle se vérifie beaucoup moins dans l’industrie et probablement dans le monde économique. Les technologies immersives changent la manière dont les individus interagissent avec la technologie et les produits. Tout cela demande de l’investissement, de la formation et des applications dans un réseau qui est déjà construit pour fournir des données adaptées. En pratique, mettre cela en oeuvre est difficile, surtout si les entreprises sont réticentes.
C’est pourquoi les difficultés des directions à s’engager dans cette voie sont, à bien des égards, compréhensibles, mais le fait que peu de personnes aient en fait réellement fait l’expérience des technologies immersives fait aussi partie du problème. Peut-être faut-il ici en voir par soi-même les bénéfices ? Ou, comme le dit Jeremy Dalton, responsable RV/RA chez PwC Royaume-Uni, “entrer dans le monde virtuel et en faire l’expérience par soi-même. Il n’y a que comme cela que vous pouvez vraiment comprendre les bénéfices et le potentiel retour sur investissement pour votre entreprise.
Quelles conclusions pouvons-nous tirer ?
“Les technologies immersives sont perçues d’une façon qui est dictée par les expériences dans le domaine du divertissement, explique Howard Roberts, technicien chez HP. Cela diminue peut-être la vraie valeur de cette technologie pour certaines applications au sein de l’entreprise.”
Si la plupart des personnes font pour la première fois l’expérience de la technologie immersive avec un smartphone attaché à un casque en carton, la vérité est qu’une telle première rencontre n’est pas une excellente introduction à tout ce que peuvent offrir les technologies immersives. Pas d’audio surround, pas d’haptique, et donc une expérience qui n’a rien d’une véritable expérience immersive et interactive.
“On a dépassé le stade du jeu vidéo et des vidéos à 360 degrés,” ajoute Howard Roberts. “La technologie RV, par exemple, est déjà utilisée dans l’industrie. HP propose un sac à dos RV qui est un appareil RV mobile haut débit doté d’un casque (un ordinateur RV portable sur soi, je suppose) et qui est actuellement déployé dans les secteurs créatifs pour que les architectes et les designers visualisent et modifient leur travail de façon immersive. En combinant le visuel avec des capteurs audio et tactiles, vous ressentez les espaces créés et les visuels des données de manière vraiment immersive. Cette technologie va avoir un impact énorme pour l’industrie.”
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