L’Edge computing se positionne comme la deuxième technologie la plus susceptible d’avoir un impact majeur au cours des cinq prochaines années, après les objets connectés. Quelles perspectives pour le monde de l’entreprise d’ici 5 ans ?
Qu’est-ce que l’Edge computing et comment l’utilise-t-on ?
On dénombre actuellement environ 17 milliards d’appareils connectés, dont sept milliards relèvent de l’Internet des objets (IoT). D’ici à 2025, ces chiffres devraient dépasser 34 milliards d’appareils connectés, dont 12,5 milliards d’objets. Considérant la quantité d’informations que chacun de ces équipements produira, les entreprises devront parvenir à gérer des flux de données considérables, les interpréter, puis déclencher le plus rapidement possible des actions en conséquence, qui serviront typiquement à éviter des incidents ou à engendrer plus de revenus.
L’Edge computing (alias informatique en périphérie) est censé résoudre la latence qui apparaît dès lors que les traitements partent s’effectuer en cloud. Il correspond à une architecture ouverte et distribuée dans laquelle la puissance de calcul est décentralisée. Dans ce concept, les données sont traitées par l’équipement connecté lui-même, voire par un serveur local, afin d’éviter les délais de transmission vers un datacenter. Les actions étant idéalement accomplies en temps réel à la source, la latence est réduite et la prise de décision accélérée.
Cette vitesse de traitement est plus ou moins importante selon les cas ; elle sera par exemple indispensable pour les véhicules autonomes ou les systèmes de sécurité. Elle présente également des avantages dans des situations moins critiques mais où il n’est pas souhaitable d’envoyer et stocker absolument toutes les données dans un datacenter. L’Edge computing pourrait ainsi servir à différencier à la source l’utile du superflu, ce qui allègerait par conséquent la gestion des données et permettrait de réaliser des économies opérationnelles.
Cette démarche est déjà à l’oeuvre dans le secteur de l’énergie, où l’on utilise de plus en plus les réseaux intelligents pour gérer l’offre et la demande. Le domaine des véhicules autonomes, bien qu’encore à ses balbutiements, devrait à terme autant en profiter. En somme, l’Edge computing trouvera naturellement sa place partout où, comme dans la gestion du trafic routier, d’importants volumes de données gagneront à être filtrés et traités localement.
Quel sera l’impact de cette technologie sur le monde du travail d’ici à cinq ans ?
L’edge computing se positionne comme la deuxième technologie la plus susceptible d’avoir un impact majeur au cours des cinq prochaines années, après les objets connectés. 75 % des personnes interrogées estimant qu’elle aura au moins un certain impact, il est considéré comme une technologie susceptible d’apporter une première réponse aux problématiques les plus urgentes dans le domaine des données, notamment la latence des traitements. Les objets connectés étant considérés comme une technologie dont l’impact sera majeur, on déduit que les entreprises seront fortement concernées par le rapatriement, le stockage et de délai de traitement de leurs relevés. Selon notre enquête, ce sujet trouve son plus fort écho dans les pays nordiques et au Benelux. Dans ces régions riches en industries automobiles et en équipements connectés, il n’est pas surprenant que l’edge computing soit vu comme une technologie particulièrement prometteuse ; l’UE est le deuxième plus grand producteur de voitures au monde et des pays comme la Suède, la Finlande, le Danemark, les Pays-Bas ou la Norvège figurent parmi les dix premiers au palmarès de l’Indice de connectivité mondiale.
L’edge computing est la solution à de nombreuses problématiques, futures ou actuelles, autour des données, notamment dans les domaines des objets connectés et de l’industrie automobile. Mais ses possibilités vont au-delà. Si votre entreprise prélève des informations depuis des capteurs pour alimenter des services en cloud, mais ne parvient plus à gérer la quantité de données aussi rapidement que vos clients le souhaiteraient, alors l’informatique périphérique sera votre solution.
Gagnerons-nous en productivité grâce à l’edge computing ?
L’Edge computing consiste avant tout à améliorer la gestion des données issues d’une multitude d’équipements connectés. De ce fait, l’objectif est d’augmenter la productivité en aidant les entreprises à ne se focaliser que sur les données qui importent vraiment, ce qui accélérera leurs analyses et leur apportera plus de réactivité.
Dans l’ensemble, 47 % des personnes interrogées sont d’accord avec ce point et estiment que l’edge computing augmentera la productivité, même si l’on peut se demander si l’on parle ici de celles des humains ou des machines. En pratique, les machines pourront réagir plus rapidement et, de fait, de manière plus concrète. Si nous souhaitons réellement rouler à bord de voitures autonomes à l’avenir, alors cette technologie est incontournable. Le fait que 64% des DSI estiment que l’edge computing aura un impact majeur fournit un message clair : cette technologie répond à une vision technique de la résolution des problèmes et dépasse donc le cadre du simple sujet à la mode. Cette technologie ne va pas seulement avoir un impact ; elle doit en avoir un, pour nous et notre avenir axé sur les données.
Quels sont les freins à cette technologie ?
Dans l’ensemble, le besoin de décider d’une mise en oeuvre à un niveau hiérarchique trop élevé a été considéré comme le plus grand obstacle, sauf parmi les responsables IT/DSI qui pointent plutôt l’incompréhension des salariés à l’égard de cette technologie. Le fait que, dans l’ensemble, la répartition soit assez égale, suggère qu’il existe un problème de transformation.
Comme pour d’autres domaines technologiques émergents, le sujet est nouveau pour de nombreuses entreprises déjà confrontées aux défis d’adapter leur main-d’oeuvre, de recruter de nouvelles compétences et d’éliminer progressivement les technologies en place. Cela prend du temps et peut être coûteux, bien que les responsables puissent faire valoir que la mise en oeuvre de l’informatique périphérique doit permettre d’économiser du temps et de l’argent.
Comme le souligne Giorgio Nebuloni, directeur de la recherche pour l’IDC, “alors que la technologie et les écosystèmes des fournisseurs européens progressent à grands pas, nous recommandons de commencer tout projet par une analyse des cas d’utilisation réels et spécifiques dans lesquels les approches de pointe peuvent générer des économies ou des opportunités de revenus supplémentaires.”
Quelles conclusions pouvons-nous tirer ?
“L’edge computing est essentielle pour les équipements guidés par des données, qui vont de plus en plus fonctionner en temps réel”, explique Howard Roberts, technicien chez HP. Les véhicules autonomes en sont un bon exemple. Malgré l’émergence de technologies qui favorisent la bande passante comme la 5G, il ne se sera pas possible de compter uniquement sur le Cloud pour gérer les équipements et analyser les données. La bande passante, et par extension les communications, peuvent être interrompues, rabaissant le Cloud à une composante de la solution et non une solution entière, en particulier pour les analyses en temps réel.
“L’edge computing accélérera la gestion et l’analyse des données, et par extension la performance des objets. Mais nous avons besoin de normes établies pour que les objets puissent communiquer les uns avec les autres en toute sécurité”, explique M. Roberts.
“Entre autres choses, nous travaillons à l’utilisation de l’edge computing pour des applications de reconnaissance visuelle dans l’automobile, ainsi que pour la détection de collisions et la cartographie de surfaces 3D”, ajoute M. Roberts. “La technologie est déjà là. Il s’agit juste de l’affiner, d’améliorer la communication entre les objets et de la rendre plus sûre.”
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