Mark Zuckerberg, le patron et fondateur de Facebook, s'est livré jeudi à un long plaidoyer en faveur d'une interprétation large de la liberté d'expression. Et d'affirmer: "en cas de doute, nous devrions toujours pencher vers une plus grande liberté d'expression".
Dans un rare discours de philosophie générale, devant un parterre d'étudiants de la prestigieuse université de Georgetown à Washington, Mark Zuckerberg a longuement exposé ses vues. Il est également revenu sur la récente décision de Facebook, qui a permis la diffusion sur sa plateforme d'une publicité politique de la campagne de réélection de Donald Trump, qui contenait des fausses informations sur un rival démocrate, Joe Biden.
La décision a provoqué un tollé et Elizabeth Warren, qui pour l'heure a pris la tête des candidats à l'investiture démocrate, a poussé la provocation jusqu'à acheter une publicité sur Facebook où elle affirmait --faussement--que Mark Zuckerberg et Facebook soutenaient la réélection de Donald Trump.
"Dans une démocratie je pense que c'est aux gens de décider ce qui est crédible, pas aux entreprises de la tech", a-t-il affirmé, même si ce principe doit prévoir quelques exceptions, comme en cas d'incitation à la violence.
Pour lui les publicités politiques sont utiles aux petits candidats, aux candidats locaux, aux challengers ou encore à certains groupes qui seraient, sinon, ignorés par les médias.
"Bannies, les publicités politiques favorisent ceux qui sont déjà en poste et ceux que les médias couvrent", a jugé le jeune milliardaire.
"Où fixer la limite? Il y a bien plus de publicités sur des sujets controversés qu'il n'y en a directement liées à une élection", a-t-il souligné. Quid des questions de santé, d'immigration, de droits des femmes? "Cela aurait-il réellement un sens de donner une voix à tout le monde dans des débats politiques sauf aux candidats ?", a-t-il argué.
"Je ne pense pas que la majorité des gens veulent vivre dans un monde où l'on puisse mettre en ligne que des choses dont les entreprises de la tech jugent qu'elles sont vraies à 100%", a-t-il insisté.
Facebook est particulièrement sur la sellette à l'approche de l'élection présidentielle de 2020 après le scandale Cambridge Analytica, quand cette société britannique avait utilisé leurs données personnelles à l'insu de dizaines de millions d'usagers de Facebook pour influer sur l'issue du vote en 2016, en faveur de Donald Trump.
A cela se sont ajoutées les révélations sur les campagnes de désinformation en ligne menée par une officine russe proche du Kremlin, pour aider la candidature de Donald Trump.
Facebook avait été particulièrement lent à admettre la portée de l'intervention.