La condition sine qua non pour lancer les cryptomonnaies stables, à l'instar du projet Libra de Facebook, est "une base juridique solide", recommande un rapport transmis jeudi aux pays membres du G7 réunis à Washington.
Ce rapport, élaboré sous la houlette du membre du directoire de la Banque centrale européenne, Benoît Coeuré, ne cite à aucun moment la Libra que le réseau social veut lancer en 2020.
Mais il avait été commandé en juillet lors du G7 Finances précédent, peu après l'annonce du projet de Facebook. Les ministres avaient alors tiré la sonnette d'alarme sur les risques potentiels de ces monnaies numériques tels que l'évasion fiscale ou le financement du terrorisme.
"Pour les développeurs de monnaie stable, une base juridique solide dans toutes les juridictions concernées (...) est une condition préalable absolue", écrivent les auteurs du rapport d'une trentaine de pages.
Par ailleurs, ils encouragent notamment les banques centrales et les ministères "à élaborer des feuilles de route pour améliorer l'efficacité et réduire le coût des paiements et des services financiers".
Car rappellent-ils, "dans l'ensemble, les paiements transfrontaliers restent lents, coûteux et opaques, en particulier pour les paiements de détail tels que les transferts de fonds".
En outre, 1,7 milliard de personnes dans le monde ont peu ou n'ont pas accès à des services financiers, ce qui explique l'émergence de monnaies numériques.
Outre les risques d'évasion fiscale et de financement du terrorisme, le rapport pointe du doigt "le risque systémique".
Sur ce point, le président de la Banque centrale américaine, Jerome Powell, a lui-même souligné que la taille de Facebook, premier réseau social du monde avec 2,7 milliards d'utilisateurs (en comptant Instagram, WhatsApp, Messenger...), implique aussi que la nouvelle monnaie pourrait perturber le système financier mondial et rendre la tâche plus difficile aux banques centrales.
La France, qui préside cette année le G7, prévoit de publier une déclaration au terme de cette réunion, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
Les ministres des Finances du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande Bretagne, Italie et Japon) sont réunis en marge des réunions d'automne du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.