L'agence de notation américaine Standard and Poor's (SP Global Ratings) a placé mardi le français Publicis "sous surveillance avec implication négative", suite à l'acquisition de l'américain Epsilon pour 4,4 milliards de dollars, en raison de doutes sur sa capacité à intégrer ce spécialiste américain du marketing ciblé et à atteindre ses objectifs de croissance.
SP Global Ratings constate dans un communiqué que la transaction va augmenter le ratio de la dette par rapport au rendement du géant français de la publicité.
"Et nous avons des inquiétudes concernant la croissance future du groupe ainsi que l'intégration d'Epsilon, étant donné l'historique de Publicis", précise l'agence.
Actuellement, le groupe dirigé par Arthur Sadoun est noté BBB+ sur le long terme, et A-2 sur le court terme.
Il a annoncé dimanche avoir conclu un accord avec le groupe américain Alliance Data Systems pour racheter sa filiale pour 4,4 milliards de dollars, payables en numéraire, soit un montant de 3,95 milliards de dollars, net d'impôts.
L'opération doit permettre à Publicis de se renforcer considérablement dans les données et la personnalisation des offres à grande échelle, un marché devenu crucial en publicité, à l'heure de la concurrence accrue des géants du web.
SP reconnaît, dans son communiqué, l'intérêt stratégique de l'acquisition, mais souligne que l'entreprise américaine a connu une baisse de 4% de ses revenus en organique en 2018.
Publicis, de son côté, a réalisé une croissance positive mais "très modérée" l'année dernière (+0,8%, après retrait des résultats de la filiale PHS que le groupe a vendue).
Le groupe a enregistré un chiffre d'affaires de 8,969 milliards d'euros en 2018, en repli de 3,9% (+0,1% en organique), alors qu'il tablait sur une accélération de la croissance organique en 2018 par rapport à celle de 2017 (+0,8%).
"Nous continuons à anticiper des performances plutôt stables en 2019 par rapport à 2018 (...), mais nous pensons qu'elles seront en-dessous des prévisions de Publicis", note le communiqué.
Le groupe table sur une amélioration de la croissance organique dès le deuxième trimestre, grâce aux gains de budgets de la fin d'année 2018.
L'agence de notation prend aussi en compte la dernière acquisition majeure du groupe, Sapient, une société technologique américaine qui a débouché sur une intégration "assez longue" et une "dépréciation d'1,4 milliard d'euros deux ans après le rachat".
Epsilon emploie quelque 9.000 salariés, dont 3.700 scientifiques spécialistes de la donnée ("data scientists") et 2.000 ingénieurs basés à Bangalore.
SP compte donc réévaluer Publicis après la clôture de la transaction (la finalisation doit avoir lieu au troisième trimestre 2019), en fonction des confirmations que le groupe apportera sur sa capacité à se désendetter et à tenir ses objectifs.
juj/fka/az
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