Les autorités de Singapour ont présenté lundi une série de mesures drastiques, dont une peine de prison de 10 ans, pour lutter contre les infox, suscitant l'inquiétude des défenseurs des droits de l'Homme sur une nouvelle entrave à la liberté d'expression.
Le gouvernement a présenté un projet de loi au Parlement, afin de se doter de nouveaux pouvoirs contre les fausses informations qui, selon lui, menacent la sécurité nationale et peuvent semer la division au sein de la société multi-éthnique.
Cette nouvelle loi, qui devrait être adoptée, permettra au gouvernement d'ordonner aux sites internet de corriger ce qu'il considère être de fausses informations, et d'offrir aux usagers la possibilité de se rendre sur un site présentant ce que les autorités jugent être la vérité.
Les personnes reconnues coupables risquent des peines de prison, pouvant aller jusqu'à 10 ans pour celles qui utiliseraient des faux comptes en ligne ou un "bot" pour diffuser de fausses informations à Singapour.
L'amende maximum prévue par le projet de loi est de 1 million de dollars de Singapour (658.000 euros). Mais des responsables ont souligné que le recours aux sanctions les plus sévères ne sera réservé qu'aux situations extrêmes et si un site refuse de suivre les consignes officielles.
La cité-Etat, critiquée de longue date pour les entraves à la liberté d'expression, est située à la 151ème place sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse de l'ONG Reporters sans frontières (RSF).
"Cette législation porte sur la falsification des faits", a déclaré K. Shanmugam, ministre de la Justice. "Elle ne porte pas sur les opinions, elle ne porte pas sur les points de vue, vous pouvez avoir les points de vue que vous souhaitez, raisonnables ou pas", a-t-il assuré.
Mais les groupes de défense de droits de l'homme ont vivement condamné le projet de loi. "La liberté d'expression suppose la liberté d'opinion, or ce gouvernement a un triste bilan de manquement de respect aux deux quand elles s'opposent à ce que le gouvernement ... veut", a déclaré à l'AFP le directeur adjoint Asie de l'ONG Human Rights Watch, Phil Robertson.
Le projet de loi devrait être adopté par le Parlement où le Parti d'action populaire, au pouvoir, dispose d'une large majorité.
str/sr/ecl/cls/sg