Quelque 260.000 "travailleurs du clic" sont recrutés en France par des plateformes pour des micro-tâches telles que la modération de contenus ou la réponse à des sondages en ligne, selon la première étude sur le sujet.
Des chercheurs de Télécom ParisTech, du CNRS, de MSH Paris Saclay et de l'université de Nantes ont pour la première fois tenté dans le projet DiPlab de cerner ce "micro-travail".
Ils ont repéré 23 plateformes de micro-tâches opérant en France et inventorié leur activité, mené une enquête auprès de 1.000 micro-travailleurs de la plateforme française Foule Factory, ainsi qu'une enquête qualitative auprès de 92 travailleurs, clients et propriétaires de plateformes.
Le chiffre de 260.000 peut paraître élevé mais il s'agit pour beaucoup de travailleurs très occasionnels et cela ne correspond qu'à environ 5.000 emplois à temps plein, notent les chercheurs.
Les micro-travailleurs sont majoritairement payés à la pièce et "ne disposent d'aucune marge de négociation quant à leur rémunération", estime l'étude publiée en ligne vendredi.
Leurs tâches répétitives (identifier des objets dans une image, transcrire des factures, modérer du contenu sur les médias sociaux, visionner des vidéos, copier-coller un texte, répondre à des sondages en ligne) sont rémunérées quelques centimes pièce.
Parfois les micro-travailleurs sont recrutés pour chercher des informations sur le web, compulser LinkedIn ou Twitter pour recueillir des infos sur des personnes, cibles ensuite de publicités.
Ce travail "invisible", effectué à la maison, est effectué en majorité par des femmes (56,1%). Il peut être un revenu de complément, ou le "moyen de pallier une précarité économique" (22% sont en dessous du niveau de pauvreté, 27,9% sont sans emploi autre).
Le revenu moyen mensuel est d'environ 21 euros par mois, mais varie beaucoup car ces micro-travailleurs travaillent pour certains très occasionnellement.
Ce travail est régi par des formes de contrats très superficielles comme un simple "accord de participation", voire la seule adhésion aux conditions générales d'utilisation de la plateforme.
L'étude pose la question de la régulation et de la protection sociale parfois inexistante de cette nouvelle forme de travail, un défi pour les syndicats et les législateurs.