La France, l'Italie et l'Allemagne préparent ensemble des mesures pour interdire en Europe la cryptomonnaie de Facebook, la Libra, a annoncé vendredi Bruno Le Maire, le ministre français de l'Economie.
"La Libra n'est pas la bienvenue sur le territoire européen. Nous prendrons des mesures avec les Italiens et les Allemands parce que c'est notre souveraineté qui est en jeu", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse en marge des réunions du FMI et de la Banque mondiale à Washington.
Interrogé sur la nature de ces mesures alors que la Libra doit entrer en service en 2020, le ministre français s'est refusé à les dévoiler pour le moment. "C'est le message politique qui est important", a-t-il insisté.
Il a rappelé l'un des points particulièrement litigieux: le fait que la Libra sera adossée à un panier de devises.
"Il suffira que Facebook décide d'avoir plus d'euros ou plus de dollars pour avoir un impact sur le niveau de change de l'euro ou du dollar et donc un impact direct sur le commerce, l'industrie, les Etats qui ont comme monnaie de référence l'euro ou le dollar".
Cela affectera l'efficacité des Etats et affaiblira l'indépendance de la politique monétaire, a-t-il souligné.
"Veut-on que la politique monétaire soit aux mains d'une entreprise privée comme Facebook? Ma réponse est clairement non", a-t-il conclu.
Bruno Le Maire a toutefois souligné qu'il n'était pas contre l'établissement d'une monnaie numérique publique sur laquelle la France est disposée à travailler "dans un cadre européen".
"La bonne réponse n'est pas une monnaie digitale privée sous la direction d'une des plus grandes multinationales de la planète, qui a 2,4 milliards de clients", a-t-il encore martelé.
Le Groupe des sept pays les plus industrialisés, réuni à Washington jeudi, avait déjà convenu que la condition sine qua non pour lancer les cryptomonnaies stables, comme la Libra, était l'instauration d'un cadre juridique.
"Nous convenons qu'aucun projet de monnaies numériques stables ne devrait être lancé tant que les problèmes et les risques juridiques, réglementaires et de surveillance n'auront été réglés de manière adéquate", selon un communiqué de la présidence française du G7.
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