Facebook a annoncé lundi avoir retiré une centaine de fausses pages, groupes et comptes liés à l'armée pakistanaise destinés à manipuler les internautes, mettant à jour l'utilisation des réseaux sociaux par les militaires à des fins de propagande.
"Aujourd'hui, nous avons retiré 103 pages, groupes et comptes qui avaient eu un comportement non-authentique et coordonné sur Facebook et Instagram. Ce réseau venait du Pakistan", a fait savoir Nathaniel Gleicher, le chef du département cybersécurité du géant américain dans un communiqué.
"Bien que les responsables de cette activité aient tenté de dissimuler leur identité, notre enquête a révélé qu'elle était liée aux employés de l'ISPR (la branche médias, NDLR) de l'armée pakistanaise", a-t-il poursuivi.
Certaines des pages exploitées par ces "faux comptes" étaient à la gloire de l'armée, d'autres traitaient du Cachemire, cette région divisée entre Inde et Pakistan qui a provoqué deux guerres entre les pays voisins. Il pouvait aussi s'agir de pages d'actualité, selon ce communiqué.
Au total, environ 2,8 millions de comptes suivaient une ou plusieurs de ces pages, de même source.
A titre d'exemple, une copie d'écran réalisée par Facebook montre une page nommée "l'armée pakistanaise : LA MEILLEURE". Un autre post présente le Premier ministre pakistanais Imran Khan comme un faiseur de paix.
"Nous travaillons constamment pour détecter et stopper les comportements coordonnés non-authentiques parce que nous ne voulons pas que nos services soient utilisés pour manipuler les gens", a commenté Nathaniel Gleicher.
L'ISPR, contactée par l'AFP, n'a pas souhaité commenter l'information.
Le communiqué de Facebook permet d'entrevoir les efforts mis en place par l'armée pour donner une image positive du Pakistan, quand celle-ci a été ternie pendant une décennie par d'innombrables attentats perpétrés sur son sol.
Alors que la sécurité s'est très nettement améliorée, le pays, en difficulté financière, tente de promouvoir le tourisme et d'attirer les investissements étrangers.
Cet été, l'armée pakistanaise a aussi provoqué un malaise en expliquant qu'elle contrôlait étroitement les réseaux sociaux.
Nombre de journalistes et défenseurs des droits de l'Homme déplorent anonymement que les réseaux sociaux fassent l'objet d'une censure grandissante de la part des militaires, dans un pays où les contenus "contre la gloire de l'islam ou l'intégrité, la sécurité ou la défense du Pakistan" sont illégaux.
Dans ce même communiqué, Facebook a annoncé retirer 687 fausses pages et comptes engagés dans de la propagande et liés au Congrès, le principal parti d'opposition en Inde, à dix jours d'élections législatives.
Le Congrès a réagi avec prudence, affirmant via l'un de ses porte-parole que le parti "devra vérifier la véracité de ces rapports".