Le projet de cryptomonnaie de Facebook ne doit pas se transformer en projet de "monnaie souveraine", a mis en garde mardi le ministre des Finances Bruno Le Maire, jugeant nécessaire que le géant américain présente des "garanties" à ce sujet.
"Que Facebook créé un instrument de transaction, pourquoi pas. En revanche, que ça devienne une monnaie souveraine, il ne peut pas en être question", a déclaré le ministre sur Europe 1, disant vouloir fixer "une limite".
"Ça ne peut pas et ça ne doit pas devenir une monnaie souveraine, avec tous les attributs d'une monnaie, c'est-à-dire la capacité à émettre un titre souverain" et à servir de "réserve", a-t-il poursuivi.
"L'attribut de la souveraineté des Etats doit rester aux mains des Etats, et pas des entreprises privées, qui répondent à des intérêts privés", a insisté le ministre.
Facebook doit révéler ce mardi les détails d'un projet qui devrait signer l'entrée du géant américain dans l'univers des cryptomonnaies, un événement susceptible de révolutionner l'écosystème actuel des devises virtuelles.
Adossée à un panier de monnaies, cette cryptomonnaie -- qui pourrait s'appeler "Libra" -- pourrait transiter à partir d'applications détenues par Facebook, notamment Messenger et Whatsapp, qui regroupent plus de deux milliards d'utilisateurs.
D'après la BBC, cet instrument de transaction serait lancé au premier trimestre 2020, d'abord dans une douzaine de pays. Selon le Wall Street Journal, plusieurs entreprises comme Visa, Mastercard, PayPal et Uber ont déjà rejoint le consortium créé par Facebook.
Il faut des "garanties", pour que "cet instrument de transaction ne puisse pas être détourné, par exemple pour du financement du terrorisme ou d'activités illicites", a prévenu mardi Bruno Le Maire.
"J'ai demandé aux gouverneurs des banques centrales des sept pays membres du G7 de nous faire un rapport pour la mi-juillet (...) pour qu'ils nous disent +voilà les garanties qu'il faut fixer sur ce projet de monnaie+", a ajouté le ministre, jugeant nécessaire de "protéger les consommateurs".
"Cet instrument de transaction va permettre à Facebook d'accumuler à nouveau des millions et des millions de données. Ça me renforce dans ma conviction de réguler les géants du numérique, de s'assurer qu'ils ne se trouvent pas dans une situation monopolistique", a-t-il conclu.
vab/pid/rm
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