L'Union européenne ne doit pas aider à la constitution de champions industriels "biberonnés et chouchoutés" mais laisser la concurrence stimuler leur création, soutient la commissaire à la Concurrence Margrethe Vestager dans un entretien publié lundi par le quotidien belge Le Soir.
L'appel à la création de champions industriels européens, notamment dans le numérique, "est une façon de voir les choses très vieille école", a affirmé la commissaire libérale danoise reconduite à ce poste dans la nouvelle commission européenne présidée par l'Allemande Ursula von der Leyen.
"L'industrie européenne, ce ne sont pas que des entreprises géantes. C'est un écosystème composé d'entreprises de toute taille et c'est l'une des raisons de la résilience de l'économie européenne", a-t-elle rappelé dans cet entretien publié dans plusieurs quotidiens.
"Lorsqu'il y a des champions européens, c'est parce qu'ils ont été stimulés par la concurrence et non parce qu'ils ont été biberonnés et chouchoutés", a-t-elle soutenu.
"La concurrence est le meilleur moyen pour une entreprise de se maintenir en forme et innovante", a-t-elle ajouté.
"Nous devons défendre nos entreprises lorsqu'elles font face à des pratiques inéquitables. Mais nous n'avons pas de programme pour créer des champions européens et nous ne devrions pas avoir de programme pareil", a-t-elle affirmé.
"Que des entreprises veuillent fusionner, qu'elles soient publiques ou privées, européennes ou autres, cela ne ressort pas de notre choix, c'est le leur", a-t-elle expliqué.
"Le mandat de la Commission européenne est de veiller à ce que le marché serve les consommateurs. Il n'y a pas contradiction entre l'émergence de champions industriels et la protection des consommateurs", s'est-elle défendu. La France et l'Allemagne lui ont reproché d'avoir bloqué la fusion ente les groupes Siemmens et Alstom.
Margrethe Vestager juge possible la création d'une taxe sur le numérique. "L'OCDE qui a le leadership pour instituer une telle taxe à l'échelle mondiale a commencé à bien avancer, ce qui donne de l'espoir et les premières réactions européennes sont plutôt favorables", note-t-elle.
"La phase à venir est celle de la révolution technologique et nous sommes dans une situation bien meilleure car nous disposons d'un marché unique", a-t-elle souligné.
"Il y a en Europe autant de start-up dans le domaine de l'intelligence artificielle qu'aux Etats-Unis. Sur les supercalculateurs, nous sommes en passe de devenir leader en termes de capacité et nos programmes satellitaires Corpernicus et Galileo sont les plus grands producteurs de données", a-t-elle ajouté.
L'objectif sera de "s'assurer que les petites et moyennes entreprises, qui constituent le gros de l'économie européenne, montent à bord du train technologique et leur faciliter l'accès au numérique", a-t-elle conclu.
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ALSTOM