L'UE a accusé mercredi les média russes proches du Kremlin de "mettre en danger la vie des gens" avec une campagne de désinformation sur les efforts de lutte contre la pandémie du coronavirus, accusations "gratuites", selon Moscou.
"Une campagne de désinformation sur le Covid-19 monte en puissance et sa source est soit en Russie, soit peut être imputée à des entités identifiées comme pro-Kremlin", a déclaré le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
"Nous avons des contacts avec la Russie, mais les Russes nous répondent, +non ce n'est pas nous+", a-t-il ajouté.
"S'il y avait là-dedans au moins un exemple concret, je pourrais le commenter. Mais il s'agit une nouvelle fois d'accusations gratuites", a déclaré mercredi à Moscou le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Or, l'unité de lutte contre la désinformation créée au sein du Service Européen pour l'Action Extérieure (SEAE) a pu identifier l'origine de certaines désinformations.
"Sur les médias sociaux, RT Spanish, une chaîne de télévision payante en langue espagnole du réseau RT TV basé à Moscou est la 12e source la plus consultée pour les informations sur le coronavirus", selon un rapport daté du 18 mars dont l'AFP a obtenu copie.
"Les media pro-Kremlin ne semblent pas être à l'origine de la désinformation elle-même. Ils ne font qu'amplifier des théories qui ont leur origine ailleurs, par exemple en Chine, en Iran ou au sein de l'extrême droite américaine. Cette tactique leur permet d'éviter l'accusation de créer eux-mêmes la désinformation, en prétendant au contraire qu'ils ne font que rapporter ce que les autres disent", estime le SEAE dans ce rapport.
- Saper la confiance -
"L'objectif principal de la campagne de désinformation menée par le Kremlin est d'aggraver la crise de santé publique dans les pays occidentaux, en sapant la confiance du public dans les systèmes de santé nationaux - empêchant ainsi une réponse efficace à l'épidémie", accuse le rapport.
"La campagne est conçue pour exacerber la confusion, la panique et la peur, et pour empêcher les gens d'accéder à des informations fiables sur le virus et les dispositions de sécurité publique", explique-t-il.
"La désinformation représente 7 % des échanges d'informations sur le virus dans les médias sociaux" et RT Spanish a comptabilisé près de 7 millions de partages pour ses informations sur la pandémie entre le 1er janvier et le 12 mars, précise-t-il.
L'administration américaine a porté des accusations similaires. Des milliers de comptes liés à la Russie sur Twitter, Facebook et Instagram propagent de la désinformation anti-américaine sur le nouveau coronavirus apparu en Chine, avaient affirmé à l'AFP des responsables américains en février.
Moscou avait également démenti, dénonçant "une histoire délibérément fausse".