Le gouvernement veut mieux protéger les mineurs contre la pornographie en ligne, un "véritable fléau", ont indiqué mercredi le secrétaire d'Etat chargé de la protection de l'enfance, Adrien Taquet, et son homologue chargé du numérique, Cédric O.
Le gouvernement prépare pour le mois de septembre la signature d'une charte de prévention de l'exposition des enfants à la pornographie, associant différents acteurs d'internet et de la société civile, ont indiqué les deux responsables après une visite au siège de Google France à Paris.
Le gouvernement a également demandé à des hauts fonctionnaires de Bercy, dont dépend le secrétariat d'Etat au numérique, de faire des recommandations sur "les meilleurs dispositifs techniques" permettant d'empêcher l'accès des mineurs au porno sur internet, ont-ils indiqué.
Le rapport est attendu "pour septembre", selon eux.
Selon Adrien Taquet, les chiffres montrent que les enfants ont accès de plus en plus jeunes, et dans des proportions de plus en plus importantes, aux contenus pour adultes.
"Il y a près de 60% des mineurs qui ont eu accès à la pornographie", et "la première fois, c'est autour de 10-11 ans", a déclaré M. Taquet. "Cela affecte leur sexualité, leur développement et leur relation au monde."
"Il faut véritablement que l'on agisse pour lutter contre ce qui est un véritable fléau", a-t-il estimé.
La mission de Bercy doit notamment évaluer l'action conduite au Royaume-Uni, qui tente depuis deux ans de mettre en oeuvre une législation imposant une vérification de l'âge de l'utilisateur avant l'accès à du porno - mais sans succès pour l'instant.
"Ce sont des difficultés plus juridiques que technologiques", a indiqué M. Taquet, qui a précisé que la mission irait expertiser aussi d'autres méthodes que celles choisies par les Britanniques.
MM. Taquet et O se sont rendus mercredi au siège de Google à Paris pour se faire expliquer les dispositifs de protection de l'enfance mis en place par le géant américain.
Adrien Taquet a fait un lien entre l'accès des mineurs à la pornographie et l'inquiétant développement de la "prostitution enfantine", qui concernerait au moins 10.000 mineurs en France actuellement.
"Je pense que ce phénomène trouve sa source" en partie dans le plus grand accès des enfants à la pornographie, a estimé le secrétaire d'Etat.
"On constate qu'il y a une forme de banalisation de certains comportements sexuels chez des enfants qui ont 13/14 ans, et j'ai du mal à ne pas faire le lien avec l'accès plus grand aux contenus pornographiques", a-t-il dit.
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