Le gouvernement britannique s'apprête à prendre une décision lourde de conséquences sur la participation de Huawei au réseau 5G, au risque de froisser les Etats-Unis qui viennent de lancer un ultime avertissement via le secrétaire d'Etat Mike Pompeo.
Le chef de la diplomatie américaine a estimé dans la nuit de dimanche à lundi sur son compte Twitter que la décision de Londres serait "capitale", au terme de semaines d'intense lobbying de Washington sur Londres, entre visites de dignitaires et réunions à huis clos.
Le secrétaire américain au Trésor Steve Mnuchin avait évoqué samedi "des discussions intensives" sur ce sujet avec le gouvernement britannique au centre de réflexion Chatham House, juste après un petit-déjeuner de travail avec son homologue britannique Sajid Javid.
Vendredi, c'est le président américain Donald Trump et le Premier ministre britannique Boris Johnson qui s'étaient entretenus au téléphone au sujet du fabricant chinois et de la sécurité du réseau de télécommunications.
Les Etats-Unis exigent depuis de long mois des pays européens, et en particulier du Royaume-Uni, qu'ils excluent Huawei de leurs réseaux, invoquant les liens de l'entreprise avec le gouvernement chinois et le fait que ses équipements pourraient être utilisés à des fins d'espionnage, ce que le groupe chinois a toujours démenti.
M. Pompeo en profite même pour relayer sur Twitter une tribune dans le tabloïd Daily Mail du député conservateur Tom Tugendhat, fermement opposé à la participation de Huawei au réseau 5G pour des raisons de sécurité.
Le ministre de la Justice Robert Buckland a quant à lui reconnu lundi sur la radio BBC 4 qu'il existait "des risques", mais a assuré: "nous prendrons une décision informée, fondée sur des preuves, et nous le ferons de manière autonome".
Le gouvernement du Premier ministre Boris Johnson semble préparer le terrain à un feu vert à la participation de Huawei au réseau 5G du pays.
Huawei ne pourrait être autorisé à prendre part qu'à des infrastructures non stratégiques comme les antennes-relais et serait exclu de celles plus stratégiques comme les serveurs.
Mi-janvier, Boris Johnson avait laissé entendre qu'il serait difficile de bannir Huawei du réseau: "si les gens s'opposent à une marque ou une autre, ils doivent nous dire quelle est l'alternative", avait-il déclaré sur la BBC.
Une source gouvernementale britannique avait rappelé que le Royaume-Uni recourt à la technologie Huawei depuis 15 ans, contrairement aux Etats-Unis, et que les agences de sécurité sont parvenues à gérer le risque.
jbo/ved/evs
DAILY MAIL & GENERAL TRUST