Des cyberattaques ont visé la moitié des pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ayant tenu des élections nationales en 2018, indique lundi un rapport de l'agence de surveillance des télécommunications du Canada.
Leur nombre a "plus que triplé depuis 2015", précise ce rapport du Centre de sécurité des télécommunications (CST) du Canada, qui s'attend à une nouvelle hausse en 2019.
"Un petit nombre d'Etats-nations sont à l'origine de la majorité des cybermenaces", selon le rapport mentionnant nommément la Russie à plusieurs reprises.
A l'heure des réseaux sociaux, les électeurs sont maintenant la principale cible de ces cybermenaces, davantage que les partis politiques, les candidats ou leur personnel, souligne le document.
"Ce changement semble avoir pris naissance en 2016, probablement en raison des activités d'ingérence en ligne menées par la Russie contre les élections présidentielles de 2016 aux Etats-Unis, lesquelles ont été perçues comme une réussite par les auteurs de cybermenaces", souligne-t-il.
L'objectif immédiat de cette "ingérence étrangère en ligne" est de manipuler l'information diffusée "pour influencer l'opinion et le comportement des électeurs".
A long terme, elle vise à "promouvoir les intérêts économiques, idéologiques ou militaires d'Etats étrangers", à "saper la confiance envers la démocratie" et à "créer des fractures au sein d'alliances internationales".
Au Canada, à un peu plus de six mois des législatives prévues en octobre, "il est très probable que les électeurs (...) feront face à une forme quelconque d'activité d'ingérence étrangère en ligne", sans pour autant menacer le scrutin en soi, qui se déroule "encore principalement sur support papier".
"Plus d'un adversaire étranger a manipulé les médias sociaux au moyen de cyberoutils pour propager sur Twitter des renseignements faux ou trompeurs sur le Canada", note le rapport en rappelant aussi que "des médias parrainés par des Etats étrangers ont déprécié des ministres" canadiens.
Vendredi, le Premier ministre Justin Trudeau a mis en garde contre le risque d'ingérence de la Russie dans les élections canadiennes.
Sa ministre des institutions démocratiques, Karina Gould, a dit lundi avoir discuté de la situation avec les dirigeants des plus grands réseaux sociaux, tout en déplorant leur manque de coopération en général.
"Le sérieux avec lequel ils prennent ces questions laisse beaucoup à désirer", a déclaré Mme Gould, même si Facebook s'est selon elle montré plus coopératif que d'autres réseaux sociaux.
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