L'Assemblée nationale vise trop large dans sa définition des contenus haineux qui devront être retirés sous 24 heures, ont estimé lundi les trois principales organisations françaises de professionnels du numérique.
La mesure phare de la proposition de loi de la députée LREM Laetitia Avia prévoit d'obliger les plateformes internet à retirer en moins de 24 heures les contenus haineux signalés par les autorités ou par le public. Elle sera examinée mercredi.
Par contenus haineux, le texte entendait au départ les contenus comportant manifestement une incitation à la haine à raison de la race, de la religion, du sexe, de l'orientation sexuelle ou du handicap.
Mais après les amendements parlementaires, le texte cible désormais "un périmètre beaucoup plus large d'infractions, au risque de compromettre son application", ont estimé dans un communiqué les associations Tech in France, Syntec Numérique et l'Asic (Association des services internet communautaires).
Les députés proposent ainsi d'étendre l'obligation de retrait en moins de 24 heures pour des infractions comme le "harcèlement sexuel, la traite des êtres humaines, le proxénétisme, la mise à disposition de mineurs à contenus pornographiques ou encore l'apologie du terrorisme", ont indiqué les associations.
Cette nouvelle exhaustivité "nuira très probablement au traitement des infractions initialement visées", ont-elle indiqué.
Les trois organisations regrettent également l'intégration des moteurs de recherche dans le champ d'application de la proposition de loi.
D'une manière générale, les grandes entreprises du numérique et de l'internet affichent leur soutien au renforcement de la lutte contre la haine en ligne, et au principe d'un renforcement de la réglementation en la matière.
Mais l'obligation de retrait de contenu en moins de 24 heures inquiète bons nombre de professionnels, dans la mesure ou elle obligera les plateformes à décider très rapidement par elles-même si tel ou tel contenu contrevient à la loi, au risque de générer une cascade de polémiques et de conflits juridiques.
Facebook en particulier, grand allié du gouvernement français et d'Emmanuel Macron pour parvenir à une meilleure régulation de l'internet, s'oppose à ce délai strict de 24 heures et est favorable à une définition un peu plus souple.
Syntec Numérique (2.000 entreprises adhérentes) est le syndicat professionnel des entreprises de l'informatique et des sociétés de conseil en technologies. Tech In France (400 entreprises adhérentes) est une association de professionnels du numérique et des services internet.
L'Asic réunit de grands acteurs de l'internet en France comme Facebook, Twitter, Google, Microsoft, Deezer, AirBnb, ou Netflix.
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