Le propriétaire chinois de l'application de rencontres pour homosexuels Grindr a confirmé mardi être "en discussions" avec une administration américaine qui, selon la presse, s'inquiète d'un risque de chantage à partir des informations confidentielles des usagers.
"Nous sommes en discussions avec le Comité pour l'investissement étranger (CFIUS)", un organe chargé d'examiner les conséquences sécuritaires des acquisitions de groupes étrangers aux Etats-Unis, a indiqué dans un communiqué boursier Beijing Kunlun Tech.
"Jusqu'à ce jour, nous ne sommes parvenus à aucun accord avec le CFIUS, et nous communiquerons en cas de nouveaux développements", a-t-il indiqué, dans ce texte transmis au cours du week-end à la Bourse de Shenzhen où il est coté.
Beijing Kunlun Tech, un spécialiste chinois des jeux en ligne basé à Pékin, avait payé 93 millions de dollars en 2016 pour prendre 60% de l'application Grindr, largement utilisé par la communauté gay à travers le monde.
Il avait ensuite déboursé 152 millions de dollars début 2018 pour en contrôler 100%.
Or, selon des informations du Wall Street Journal publiées la semaine dernière, le CFIUS a ordonné à Kunlun Tech de céder Grindr, en raison de craintes de sécurité.
Les Etats-Unis redoutent ainsi que Kunlun n'ait "pas d'autre choix que de partager des renseignements sur les utilisateurs de Grindr si le gouvernement chinois l'exigeait", révélait le quotidien new-yorkais.
De quoi ouvrir la porte à un chantage par Pékin d'usagers de Grindr en les menaçant de révéler leur homosexualité, leur séropositivité ou d'autres informations sensibles, poursuivait le journal, évoquant des "scénarios élaborés" où des utilisateurs de l'application travaillant pour telle ou telle administration seraient repérés grâce aux fonctions de géolocalisation.
Grindr, fondé en 2009, revendique aujourd'hui des "millions d'utilisateurs quotidiens" gays, lesbiens, bisexuels, transsexuels et queer (LGBTQ) à travers le globe.
Le président de Grindr Scott Chen avait été au coeur d'une controverse en novembre après avoir semblé critiquer les mariages homosexuels: "Certains pensent que le mariage est l'union sacrée d'un homme et d'une femme. C'est ce que je pense aussi, mais au final, c'est votre affaire", avait-il écrit en chinois sur Facebook.
Face aux critiques, il avait expliqué "s'être basé sur sa propre expérience" de père de famille hétérosexuel et affirmé soutenir les droits de la communauté LGBT.
bur-jug/ef/evs