Sous la pression de ses actionnaires, le câblo-opérateur suisse Sunrise a annoncé mardi qu'il annulait l'assemblée générale extraordinaire prévue mercredi pour approuver le rachat de son concurrent UPC Suisse, une décision qui semble torpiller le projet d'acquisition.
Pour financer cette acquisition, d'un montant de 6,3 milliards de francs suisses (5,7 milliards d'euros), le groupe suisse prévoyait de lancer une augmentation de capital de 2,8 milliards de francs suisses (2,54 milliards d'euros), mais son actionnaire allemand Freenet, qui détient près du quart de son capital, s'y opposait fermement et avait exhorté les autres actionnaires à voter contre.
"Au vu des indications claires reçues des actionnaires et l'annonce de Freenet de voter contre l'augmentation de capital lors de l'AGE, le conseil d'administration de Sunrise a conclu que la nette majorité d'actionnaires titulaires de titres nominatifs pour voter à l'AGE ne soutiennent pas l'augmentation de capital", a indiqué Sunrise dans un communiqué.
Les relations de Sunrise avec son plus gros actionnaire se sont envenimées avec ce projet de rachat d'UPC Suisse, une filiale du groupe américain Liberty Global.
Le groupe allemand de téléphonie lui reprochait de payer trop cher pour cette acquisition et avait remis en cause tant les synergies attendues que la logique de l'opération et ses modalités de financement.
Il avait notamment fait valoir que Sunrise risquait d'acheter à grand frais une "technologie inférieure" en s'emparant d'un opérateur par câble à l'heure où le basculement vers la technologie 5G est en train de s'amorcer.
Il avait appelé à voter contre l'augmentation de capital, se félicitant d'avoir reçu l'appui de la société américaine de conseil aux actionnaires ISS.
Le contrat avec Liberty Global pour lui racheter ses parts d'UPC Suisse reste en vigueur jusqu'en février 2020, a précisé Sunrise, qui n'a pas officiellement enterré l'opération dans le communiqué. Mais le feu vert à l'augmentation de capital était la dernière condition nécessaire pour pouvoir procéder à ce rachat.
Sunrise avait défendu bec et ongles ce projet, répliquant qu'il avait pour sa part obtenu le soutien de Glass Lewis, une autre société américaine chargée de donner des recommandations de vote aux actionnaires, ainsi que de deux organismes suisses, la fondation Ethos et l'agence zRating.
Avec ce projet d'acquisition, dévoilé en février, Sunrise espérait devenir un acteur de poids pour rivaliser avec Swisscom, l'opérateur historique et numéro un du secteur en Suisse.
Il prévoyait de débourser 6,3 milliards de francs suisses pour s'emparer d'UPC Suisse, moyennant une augmentation de capital qui devait initialement se monter à 4,1 milliards de francs pour financer la transaction. En septembre, il avait toutefois revu l'enveloppe à la baisse, à 2,8 milliards, devant l'opposition de son actionnaire allemand.
"Nous regrettons d'annuler l'AGE. Nous avons consacré énormément de temps à échanger avec l'ensemble de nos actionnaires et demeurons convaincus de la logique stratégique et financière prometteuse de cette acquisition", a déclaré le président du conseil d'administration, Peter Kurer, cité dans le communiqué.
Le fonds activiste luxembourgeois Axxion avait demandé qu'un vote sur sa révocation se tienne lors de l'assemblée générale qui devait avoir lieu le 23 octobre.
L'annulation de la transaction avec UPC est "une étape cohérente" au vu de la résistance des actionnaires mais aussi "une opportunité manquée de consolider le marché suisse des télécoms", a réagi Mark Diethelm, analyste chez Vontobel, dans un commentaire boursier.
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