Le gouvernement américain a exhorté vendredi les géants de la tech à chercher une "solution technique" pour garantir que les forces de l'ordre puissent avoir un accès aux données cryptées en cas de crimes graves.
Au lendemain d'un appel adressé directement au patron de Facebook, qui s'est heurté à un mur, le ministre de la Justice Bill Barr est revenu à la charge, en s'adressant cette fois à l'ensemble du secteur.
"Nous sommes sûrs qu'il y a des solutions techniques qui garantiraient un accès légal sans affaiblir la sécurité du cryptage", a-t-il déclaré lors d'une conférence à Washington sur les problèmes posés par les messageries cryptées pour la lutte contre la pédophilie ou le terrorisme.
"Il est temps que l'industrie renonce à sa position intenable selon laquelle il est inutile de chercher" cette solution, a-t-il ajouté, en niant réclamer "une porte dérobée".
Le terme fait référence aux failles introduites à l'insu d'un utilisateur, soit par un tiers soit par le développeur, qui donnent un accès secret au logiciel, permettant de le surveiller ou de le contrôler. Les compagnies technologiques s'y opposent au nom du respect à la vie privée de leurs usagers.
A l'inverse, elles proposent de plus en plus souvent des messageries instantanées avec un "chiffrement de bout-en-bout", c'est-à-dire où les messages sont brouillés et que seuls l'expéditeur et le destinateur ont les "clés" pour les lire.
C'est déjà le cas de Whatsapp et Facebook veut désormais étendre ce cryptage à la populaire application Messenger.
Mais le gouvernement américain souhaite que les développeurs conservent une "clé" "de manière à laisser entrer les forces de l'ordre avec les autorisations nécessaires", a expliqué Bill Barr.
Pour le ministre, le risque d'exploitation des données personnelles des utilisateurs est moins important que celui de voir les criminels opérer à l'écart des radars.
Soulignant que les grands groupes font de nombreux signalements auprès des forces de l'ordre, il a lancé: "nous espérons que l'industrie restera un allié et ne deviendra pas un adversaire."