Les téléphones d'occasion Remade intéressent six sociétés mais celles-ci ne reprendraient qu'une minorité de salariés, voire aucun, de cette entreprise en difficulté, a-t-on appris jeudi de sources concordantes, à cinq jours d'une audience devant le tribunal de commerce de Rouen.
"Puisque les hommes n'ont aucune valeur, nous allons nous attaquer à (...) l'argent. Ainsi, nous détruirons 1.000 iPhone par jour jusqu'à être entendus", a menacé jeudi dans un communiqué le CSE de Remade SAS qui emploie environ 330 salariés à Poilley, près du Mont-Saint-Michel.
La direction de Remade affiche un stock de 25.000 à 33.000 iPhones reconditionnés prêts à être commercialisés.
"A cette date, les offres de reprise ne concerneraient qu'une poignée de salariés et le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) n'est pas financé", poursuit le CSE.
Selon Sophia Garcia, secrétaire CFDT du CSE et cadre de Remade SAS, les actionnaires refusent d'aider les salariés à financer un PSE.
"C'est terrible. Deux cents millions ont été investis dans l'entreprise. Les salariés n'en ont pas vu la couleur et on se retrouve aujourd'hui sans indemnité supra-légale, avec un quart du salaire mensuel par année d'ancienneté. Et les gens sont au SMIC", a-t-elle dit à l'AFP.
Remade a été lancée en 2014, embauchant à tour de bras (le groupe compte au total, toutes filiales confondues, 500 salariés contre 680 en septembre) avant d'être placé en redressement judiciaire fin septembre. Sa principale filiale, Remade SAS, a été placée en liquidation avec poursuite d'activité le 28 novembre.
Le tribunal de commerce de Rouen doit examiner mardi à 10H00 les offres de reprise. Selon la CFDT et une source proche du dossier, six ont été déposées.
Les négociations sont encore en cours. A ce stade, le groupe indien CTS, qui était client de Remade début 2019, reprendrait 96 à 110 salariés et mettrait 500.000 euros sur la table pour le stock de téléphones, selon Mme Garcia.
L'ancien président du groupe, Matthieu Millet, interdit de gérer plusieurs autres sociétés par le passé, reprendrait 143 salariés et verserait 1,3 million pour le stock mais avec une condition suspensive.
La société Takara reprendrait 50 salariés dont 10 à Nice et propose un million pour le stock, selon la CFDT.
SFIT reprendrait 25 salariés avec 500.000 euros pour le stock, Smart Oh, 20 personnes avec 500.000 euros, et Recommerce ne reprendrait personne et rachèterait le stock 1,8 million d'euros, selon Mme Garcia.
Outre SAS Remade, le groupe comprend plusieurs autres filiales en procédures judiciaires également.