Des livreurs de Deliveroo ont demandé aux consommateurs de boycotter mercredi la plateforme de livraison de plats à domicile avec laquelle ils sont en conflit au sujet de leur nouvelle grille tarifaire qui entraîne, selon eux, une baisse de leur rémunération.
"Aujourd'hui, on essaie de sensibiliser les consommateurs. On leur demande, juste aujourd'hui, de ne pas commander à Deliveroo et de ne pas se connecter, par soutien au mouvement", a dit à l'AFP Jean-Daniel Zamor, président du Collectif des livreurs autonomes parisiens (CLAP 75).
"On demande aussi aux livreurs de se réunir pour faire entendre nos droits et montrer qu'on peut frapper", a-t-il ajouté, précisant qu'un rassemblement était prévu à partir de 19H00 place de la République à Paris et qu'il serait suivi par le blocage de plusieurs restaurants.
Les livreurs ont aussi l'intention de mener une action nationale le week-end prochain. Dans certaines villes, comme dans la capitale, ils seront en grève samedi tandis que dans d'autres, à Grenoble par exemple, ce sera dimanche, a annoncé M. Zamor.
Les livreurs parisiens s'étaient déjà réunis samedi dernier pour protester contre la décision de la plateforme britannique de baisser les tarifs des courses les plus courtes et d'augmenter celui des courses longues, délaissées par les livreurs car peu rentables. La plateforme a notamment supprimé le tarif minimal de 4,70 euros pour une course, qui s'appliquait à Paris (il varie selon les villes).
"Deliveroo était la plateforme qui payait à peu près le mieux mais elle s'aligne maintenant sur ses concurrents", a accusé M. Zamor. "Cela précarise tout le secteur".
Selon la plateforme, la nouvelle grille offre "une meilleure tarification, plus juste" et "plus de 54% des commandes sont payées davantage". Mais pour M. Zamor, les courses longues ne sont pas rentables car "elles peuvent faire plus d'une heure, soit l'équivalent de trois ou quatre courses courtes". Il estime entre 30 et 50% la perte de rémunération pour les livreurs.
Dans un communiqué, Deliveroo affirme qu'elle "consacre encore plus d'argent aux frais des livreurs, les payant davantage pour des livraisons plus longues en réponse à la demande des livreurs".
Elle ajoute que "ceux qui appellent au boycott ne sont pas des livreurs Deliveroo et ne les représentent pas", les accusant d'essayer "maintenant d'empêcher les livreurs de gagner leur vie".
Pour sa part, l'U2P qui représente l'artisanat et le commerce de proximité qualifie dans un communiqué le modèle des plateformes de "+Far West+ à bout de souffle qui nous menace collectivement".
"J'en appelle donc au bon sens des consommateurs pour ne pas cautionner les dérives actuelles de certaines plateformes. J'en appelle également aux pouvoirs publics : il faut d'urgence rétablir des règles claires, équitables et qui s'imposent à tous de la même manière", écrit son président Alain Griset.
Avec 10.000 restaurants partenaires dans 200 villes et 11.000 livreurs partenaires, le marché français est le deuxième pour Deliveroo, après le marché britannique dont l'entreprise est issue.
Selon Deliveroo, la majorité des livreurs sont des étudiants et 70% ont moins de 26 ans. Ils travaillent en moyenne 15 heures par semaine "et gagnent 13 euros par heure de connexion à l'application, soit 30% de plus que le SMIC brut horaire", précise mercredi un communiqué.