Cinq livreurs de la plateforme de livraison Deliveroo ont rallié cette semaine Paris depuis Bordeaux à vélo pour porter leurs revendications d'une "rémunération et de conditions de travail décentes", a indiqué jeudi l'un d'entre eux, Jérémy Wick, à l'AFP.
Les livreurs, soutenus par la CGT et accompagnés par Jérôme Pimot, le cofondateur du Clap, collectif de livreurs parisiens, ont été reçus jeudi matin par le Conseil national du numérique (CNNum).
"Nous avons fait étape dans 5 villes (Poitiers, Nantes, Rennes, Le Mans, Orléans) où nous avons rencontré des livreurs pour recueillir leurs revendications", a expliqué Jérémy Wick, 29 ans, livreur à temps complet pour Deliveroo comme ses quatre collègues.
"Les livreurs rencontrés sont d'accord à 99% avec nous pour réclamer le retour à un tarif minimum décent et fixe, la réduction des temps d'attente aux restaurants et l'organisation d'un collectif de livreurs composé de représentants élus avec un pouvoir de négociation".
Les livreurs de Deliveroo mènent des actions de grève perlée et des rassemblements depuis le changement de tarification opéré par la plateforme en juillet, qui a réduit les tarifs des courses courtes et légèrement augmenté ceux des courses les plus longues.
"J'ai calculé que je devais faire 500 km de plus par mois pour avoir la même rémunération", explique Jérémy. S'il n'augmentait pas son volume de travail (50 heures par semaine) il voyait sa paie baisser de 2.000 euros net (après paiement des cotisations payées par les travailleurs indépendants et entretien du vélo) à 1.500 euros net.
"Cela nous pousse à pédaler toujours plus, de plus en plus vite et à prendre des risques", dit-il.
Il a lancé une pétition sur Change.org qui a recueilli 57.000 signatures.
La direction de Deliveroo a indiqué qu'elle était prête à recevoir les livreurs, mais dans un lieu extérieur, et non au siège comme ils le demandaient. "Nous ne ferons aucune communication après la rencontre", a indiqué Louis Lepioufle, porte-parole de Deliveroo.
Le CNNum, un organisme consultatif dont les membres sont nommés par arrêté du Premier ministre, s'est emparé récemment de la question des conditions de travail des livreurs pour s'élever contre les chartes prévues dans l'article 20 de la Loi d'orientation des mobilités votée en première lecture le 17 septembre.
"Ce n'est pas par le biais de chartes que l'on règlera le problème des droits sociaux des livreurs de plateformes," a indiqué jeudi sa présidente Salwa Toko, appelant à une véritable négociation entre livreurs et plateformes.