Le géant américain Amazon devrait cesser de commercialiser, d'ici au 18 juillet, des produits chinois en Chine pour n'y vendre que des biens importés, une décision qui serait un constat d'échec face aux puissants rivaux locaux qui dominent le marché, affirme jeudi Bloomberg.
Le mastodonte du e-commerce devrait maintenir dans le pays son service d'informatique dématérialisé (Amazon Web Services), de livres électroniques Kindle ainsi que ses équipes chargées d'expédier les marchandises de commerçants chinois vers les clients à l'étranger, note l'agence d'actualité financière, qui cite des sources proches du dossier.
Interrogé, Amazon n'a pas explicitement confirmé la fermeture de sa place de marché en Chine, soulignant vouloir se concentrer sur la commercialisation de produits importés, dont les clients chinois sont friands.
"Au cours des dernières années, nous avons fait évoluer notre activité de vente au détail en ligne en Chine, afin de mettre davantage l'accent sur les ventes internationales et, en retour, nous avons constaté un grand intérêt des clients chinois", a indiqué un porte-parole de la compagnie dans un courriel adressé à l'AFP.
Fondé en 1994 par Jeff Bezos, le groupe, leader du secteur aux Etats-Unis et sur d'autres marchés, était devenu en janvier l'entreprise privée la plus chère du monde en termes de valeur boursière.
Le commerce en ligne est immensément populaire en Chine, notamment en raison du faible coût et de la rapidité des livraisons.
Mais Amazon y fait face à la concurrence féroce des sites et applications mobiles des géants locaux Alibaba (Taobao, Tmall) et JD.com, réputés mieux connaître les attentes des clients locaux.
Le groupe américain a consenti à d'importants investissements pour développer son réseau logistique en Chine, où il a acquis en 2004 la plateforme de vente de livres Joyo. Mais il n'a jamais vraiment percé.
Amazon possédait ainsi seulement 0,6% de parts de marché des ventes en ligne B2C ("des entreprises aux particuliers") au quatrième trimestre 2018, des miettes par rapport à Tmall (61,5%) et JD.com (24,2%), selon le cabinet chinois spécialisé Analysys.
Pour Li Chengdong, analyste basé à Pékin pour Dolphin Think Tank, le géant américain ne s'est pas suffisamment plié aux habitudes chinoises.
"Amazon n'a pas voulu s'adapter au contexte local en Chine, ce qui ressemble à une forme d'arrogance", estime-t-il.
"Il a maintenu son interface de navigation très américaine et ne fait pas de promotions durant la journée des célibataires, contrairement à ses rivaux Alibaba et JD.com qui misent beaucoup là-dessus."
La "Journée des célibataires" est une opération de soldes monstres qui a lieu tous les 11 novembre en Chine et durant laquelle sont vendues des marchandises pour l'équivalent de plusieurs dizaines de milliards d'euros.
Le communiqué d'Amazon assure qu'il continuera "à investir et à croître en Chine à travers Amazon Global Store, Global Selling, Amazon Web Services, ainsi que les appareils et contenus Kindle".
Selon Bloomberg, le retrait du mastodonte américain pourrait être le signe qu'il souhaiterait se concentrer à l'international sur le prometteur marché indien.
Amazon a ouvert un site en Inde en 2013 et y a depuis beaucoup investi dans son infrastructure logistique.
llc-dma/ehl/bar/lth
AMAZON.COM
JD.com
ALIBABA GROUP HOLDING