Le gouvernement doit dire aux opérateurs télécoms s'ils pourront utiliser des équipements du constructeur chinois Huawei pour leurs futurs réseaux 5G avant de lancer l'attribution des fréquences, a déclaré mardi soir le président de la Fédération française des télécoms (FFT), qui représente les opérateurs.
"Les choix que fera le gouvernement" sur les équipementiers qui pourront ou non être retenus "pourraient impacter puissamment les coûts de déploiement, mais également remettre à plat les réseaux 3G et 4G" déjà existant, a estimé Arthur Dreyfuss, président de la FFT, lors des voeux de la fédération en présence notamment de la secrétaire d'Etat Agnès Pannier-Runacher.
"Nous vous demandons donc, solennellement, de sursoir au lancement de l'appel à candidature pour les fréquences 5G tant que cette situation au sujet des équipementiers, situation impossible, ne sera pas clarifiée", a déclaré M. Dreyfuss.
"L'Union européenne a été très claire et nous demande très expressément d'avoir la capacité de mettre en place un processus pour s'assurer de la fiabilité des équipements et garantir la sécurité qu'il y a derrière", a répondu la secrétaire d'Etat.
"Nous posons nos exigences (aux opérateurs, NDLR) comme un gouvernement responsable et qui sera garant de la sécurité des Français", a insisté Mme Pannier-Runacher.
Les opérateurs télécoms, qui vont participer bientôt à l'appel d'offre pour l'octroi des fréquences des futurs réseaux 5G, ne savent pas s'ils pourront utiliser des équipements du constructeur chinois Huawei, qui jouit pourtant d'une réputation technique flatteuse par rapport à ses concurrents européens Nokia et Ericsson.
Le gouvernement américain, qui considère le groupe chinois comme trop proche du gouvernement de Pékin, a banni Huawei de son territoire et demande à ses alliés d'en faire autant.
La future position du gouvernement sur Huawei est particulièrement importante pour SFR et Bouygues, qui utilisent déjà aujourd'hui de nombreux équipements du constructeur chinois pour leurs réseaux existants.
Ils craignent d'avoir à les remplacer si le gouvernement n'autorise pas les équipements 5G du constructeur chinois.
Pour fonctionner, les équipements 5G devront en effet être compatibles avec les équipements 4G existants, ce qui implique qu'ils soient du même constructeur.
Un responsable de SFR a déjà annoncé que le groupe avait déposé une demande d'autorisation pour des équipements 5G, dont du Huawei, auprès du gouvernement, pour tester sa position.
Le gouvernement a deux mois pour donner une réponse. L'absence de réponse vaut refus, évitant à l'exécutif d'avoir à se justifier.
L'attribution définitive des fréquences aux opérateurs aura lieu dans le courant du premier trimestre.
La 5G va permettre l'accélération de la numérisation de l'économie, grâce à un débit considérablement accru et un temps de réponse accéléré.
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ERICSSON
BOUYGUES