Le gouvernement étudie de près la cession de Photonis, entreprise spécialisée dans l'intensification de lumière détenue par la société Ardian, et "aucune décision" n'a encore été prise pour valider une telle opération, a indiqué vendredi le ministre de l'Économie Bruno Le Maire.
"Je lis la presse et on me dit +on va céder Photonis à une entreprise américaine+. Je dis: aucune décision n'a encore été prise", a assuré le ministre sur Sudradio.
"Nous allons regarder toutes les options industrielles. Ce qui compte pour moi, c'est que Photonis soit intégrée dans une chaîne de valeur industrielle qui valorise cette technologie et qui permette à l'entreprise de se développer", a-t-il ajouté.
Ardian avait reçu fin décembre plusieurs offres engageantes pour le rachat de Photonis et est en négociation depuis début février avec le groupe américain d'ingénierie et d'électronique Teledyne, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
Dix-sept députés de la commission de la Défense avaient écrit en novembre au Premier ministre Édouard Philippe pour préconiser une "approche souveraine" dans ce dossier.
Interrogé début octobre au Sénat sur la cession de Photonis, le délégué général à l'Armement (DGA) Joël Barre avait indiqué être au courant du projet d'Ardian et avoir "demandé à deux maîtres d'oeuvre compétents en matière d'optronique, Thales et Safran, de se pencher sur le dossier".
"Soit ceux-ci s'entendent et rachètent cette entreprise, soit Ardian la revend à un fonds et, si celui-ci est étranger, nous appliquerons la réglementation en vigueur", avait-il ajouté.
Les deux industriels se sont depuis dit "pas intéressés" par la reprise de Photonis, selon plusieurs sources proches du dossier.
Photonis, société basée à Mérignac près de Bordeaux (Gironde) et qui possède cinq usines en France, aux Pays-Bas, aux États-Unis et au Mexique, est spécialisée dans la photo-détection. Elle compte plus de 1.000 salariés et travaille pour les secteurs de l'aéronautique, de la recherche ou encore de la défense.
Elle produit notamment des éléments d'intensification de lumière utilisés dans les jumelles de vision nocturne et des instruments utilisés par le Laser mégajoule, site du Commissariat à l'énergie atomique destiné à tester par simulation des explosions nucléaires.
Sollicitée par l'AFP, la société n'a pas souhaité faire de commentaire.
Le gouvernement surveille de près sa cession via le dispositif de contrôle des investissements étrangers en France, grâce auquel il peut empêcher le rachat d'une entreprise française par un acteur étranger si elle revêt un intérêt stratégique pour le pays.
"Nous serons très attentifs au respect de nos intérêts et de notre souveraineté", a insisté Bruno Le Maire.
Un décret en vigueur depuis le 1er janvier renforce le contrôle des investissements étrangers (IEF) dans une entreprise française exerçant dans un secteur stratégique. Une autorisation du gouvernement est nécessaire si l'acquisition porte sur au moins 25% du capital de l'entreprise, contre 33,33% auparavant.
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