Une cour fédérale américaine a ordonné jeudi au Pentagone de suspendre la mise en oeuvre du mégacontrat de stockage de données en ligne de 10 milliards de dollars, dont l'attribution à Microsoft fin octobre est vivement contestée par Amazon.
Le géant du commerce en ligne, leader du marché mondial du cloud, a déposé une plainte, accusant le président Donald Trump d'avoir influencé la décision du ministère de la Défense sans considération pour les arguments objectifs, qui, selon lui, penchent largement en sa faveur, que ce soit en termes d'expérience ou de technologie.
Jeudi, une juge américaine a accordé à Amazon une injonction temporaire, interdisant ainsi au Pentagone d'avancer sur ce contrat, d'après un résumé des documents juridiques disponible en ligne.
"Nous sommes déçus par ce délai supplémentaire, mais nous pensons qu'au final nous pourrons aller de l'avant et accomplir le travail nécessaire pour que ceux qui servent notre pays puissent utiliser les nouvelles technologies dont ils ont besoin, de façon urgente", a réagi Frank Shaw, vice-président de Microsoft en charge de la communication.
"Nous avons confiance dans le ministère de la Défense, et nous croyons que les faits montreront qu'il a mené un processus d'attribution détaillé, étayé et juste pour parvenir à la conclusion que Microsoft répondait le mieux aux besoins des combattants", a-t-il ajouté.
Le contrat JEDI (Joint Enterprise Defense Infrastructure), qui s'étend sur une durée de dix ans, vise à moderniser la totalité des systèmes informatiques des forces armées américaines dans un système géré par intelligence artificielle.
Dès le mois de novembre, Amazon a déclaré avoir notifié un tribunal de son intention de contester la façon dont l'appel d'offres a été géré. Cette semaine, le groupe s'est attaqué directement au président américain et à d'autres hauts responsables du ministère, exigeant qu'ils s'expliquent en personne sur cette attribution.
"Le président Trump a démontré maintes fois sa volonté d'utiliser sa qualité de chef des Armées pour interférer avec des fonctions gouvernementales, y compris l'attribution de contrats fédéraux, à des fins personnelles", a déclaré lundi un porte-parole de la division Amazon Web Services (AWS).
Il fait notamment référence à des propos rapportés par James Mattis. L'ancien secrétaire d'Etat américain à la Défense avait indiqué que Donald Trump lui avait dit "d'envoyer paître Amazon" lors d'une discussion sur ce contrat.
Jeff Bezos, le patron d'Amazon, est la cible fréquente d'attaques virulentes de la part du président républicain, notamment en raison de son investissement dans le Washington Post, un des journaux parmi les plus critiques de M. Trump et de son gouvernement.
juj/jum/leo
MICROSOFT
AMAZON.COM