L'Inde a exigé jeudi des réponses de WhatsApp à la suite d'un scandale d'espionnage, au moment où le gouvernement est lui-même accusé par l'opposition d'avoir utilisé des logiciels malveillants installés sur ce service de messagerie cryptée détenue par Facebook, pour espionner les citoyens.
New Delhi a demandé à WhatsApp "de préciser quelles violations ont eu lieu, et ce qu'il fait pour protéger la vie privée de millions de citoyens indiens", a écrit sur Twitter le ministre de l'Information et de la Technologie, Ravi Shankar Prasad.
WhatsApp a annoncé mardi avoir déposé plainte contre NSO group, une société israélienne à la réputation sulfureuse, spécialisée dans les logiciels d'espionnage, et qui est accusée d'aider des gouvernements à épier des militants et des journalistes.
En Inde, plus important marché de WhatsApp avec 400 millions d'utilisateurs actifs, 20 activistes, journalistes et avocats ont récemment été informés par WhatsApp que leurs téléphones ont été espionnés durant deux semaines en mai dernier, selon des médias indiens.
Selon l'Indian Express, WhatsApp avait confirmé qu'un certain nombre d'utilisateurs indiens avaient été ciblés par le logiciel espion Pegasus, qui s'installait sur leurs appareils et transmettait les données aux pirates.
Ravi Shankar Prasad a en revanche réfuté les accusations lancées à l'encontre du gouvernement, à qui des membres de l'opposition reprochent d'avoir utilisé ce programme malveillant pour espionner ses citoyens.
"Un gouvernement qui espionne ses journalistes/activistes/leaders d'opposition, et traite ses propres citoyens comme des criminels, a perdu le droit de diriger notre démocratie", a déclaré dans un tweet le porte-parole du principal parti d'opposition du Congrès, Randeep Surjewala.
Des activistes des droits de l'Homme et des dissidents affirment que le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi les intimide pour avoir critiqué sa politique.
Narendra Modi, Premier ministre depuis 2014, a interdit des centaines d'organisations non-gouvernementales et a supprimé les subventions à bien d'autres.
WhatsApp avait admis en mai avoir été infectée par un logiciel espion donnant accès au contenu des smartphones, et accuse NSO d'avoir ciblé "100 défenseurs des droits humains, journalistes et autres membres de la société civile dans le monde".
En tout, 1.400 appareils ont été infectés du 29 avril au 10 mai, dans différents pays dont le royaume de Bahreïn, les Emirats arabes unis et le Mexique, d'après la plainte déposée devant une cour fédérale.
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