L'opérateur télécoms Vodafone a évoqué mardi l'existence de fonctions cachées dans des équipements de Huawei pour l'internet fixe en Italie il y a près de dix ans, mais a assuré qu'elles n'avaient pas compromis la sécurité du réseau.
Un peu plus tôt dans la journée, Bloomberg avait révélé l'information, assurant que Huawei aurait pu de ce fait obtenir un accès non autorisé au réseau de ligne fixe qui dessert des millions de foyers et d'entreprises dans le pays.
Dans une déclaration transmise ensuite à l'AFP, Vodafone évoque des problèmes dans l'équipement fourni par Huawei en Italie, qui datent de 2011 et 2012 et ont été depuis résolus.
Mais, "Bloomberg a tort de dire que cela +aurait donné un accès non autorisé au réseau de ligne fixe de l'opérateur en Italie+", souligne Vodafone, qui ajoute de surcroît n'avoir aucune preuve en ce sens.
Les problèmes étaient d'ordre technique, le chinois n'ayant pas retiré une fonctionnalité, et "ont été réparés alors par Huawei", selon l'opérateur britannique.
De son côté, Huawei a confirmé avoir réglé le problème à l'époque. "Quand une vulnérabilité est identifiée, nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires pour apporter la réponse appropriée", souligne l'équipementier chinois.
Ces informations sont de nature à alimenter les interrogations autour du géant chinois des équipements télécoms, accusé par les Etats-Unis de favoriser l'espionnage pour le compte de Pékin, ce que Huawei a toujours nié.
Bloomberg explique d'ailleurs que Vodafone, comme d'autres opérateurs, est très dépendant des équipements de Huawei et s'oppose donc à toute interdiction visant le groupe chinois en Europe. Ce dernier est un acteur incontournable de la 5G et s'en passer pourrait pénaliser l'Europe, déjà en retard par rapport aux Etats-Unis et à la Chine, selon l'agence financière.
Ces révélations interviennent dans un contexte tendu au Royaume-Uni une semaine après des fuites dans la presse indiquant que la Première ministre Theresa May avait donné son feu vert à Huawei pour une participation limitée au déploiement au Royaume-Uni du réseau 5G.
Huawei ne serait pas impliqué dans le coeur du réseau mais sur des infrastructures moins sensibles, comme les antennes, selon la décision qu'aurait prise Mme May malgré les réserves de plusieurs poids lourds du gouvernement.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, a d'ailleurs appelé dimanche l'exécutif à faire preuve "de prudence" et à bien réfléchir avant d'entrouvrir les portes du réseau 5G à Huawei.
La décision officielle du gouvernement est quant à elle attendue d'ici au mois de juin.
En attendant, les fuites autour de Huawei ont crispé le gouvernement britannique qui s'est mis immédiatement à la recherche du ou des auteurs.
Le feu vert à Huawei aurait été donné lors d'une réunion du Conseil de sécurité nationale (National Security Council, NSC) composé de ministres et de hauts responsables de la sécurité, et présidé par Theresa May. Or, les participants à cette réunion sont tenus à un devoir de confidentialité en vertu de la loi sur les secrets officiels ("Official Secrets Act").
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