Percevoir du doigt le relief des images qui s'affichent sur nos écrans ? Hap2U, une start-up française, a mis au point une technologie suffisamment miniaturisée pour s'intégrer dans les smartphones.
Implantée dans la région grenobloise, cette entreprise présentera du 7 au 10 janvier, lors du traditionnel Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, un téléphone mobile basé sur cette innovation permettant à l'utilisateur de ressentir par le toucher ce qu'il voit à l'écran.
Techniquement, le principe est simple: le smartphone renvoie une information "utile" au doigt - et donc au cerveau - de l'utilisateur en déformant l'écran tactile à l'échelle microscopique grâce à des capteurs piezo-électriques épais de seulement deux microns.
La technologie permet ainsi de "matérialiser" une sensation de toucher proche de la réalité.
La société, fondée en 2015, tire son nom de "l'haptique", la discipline qui explore le sens du toucher.
"Cela fait des années que le retour haptique existe dans nos téléphones. C'est le cas avec le mode vibreur. Cette fois, la valeur ajoutée, c'est qu'on passe à la restitution d'une information tactile plus fine et plus pertinente", explique Cédric Chappaz, l'un des deux cofondateurs d'Hap2U.
"Cette technologie va amener les industriels à repenser la conception du design des smartphones. Avec la dimension du toucher, on va aussi les utiliser autrement et ne plus rester passifs devant l'écran", estime M. Chappaz.
Les dirigeants d'Hap2U sont d'ores et déjà en négociations avancées avec plusieurs opérateurs de téléphonie mobile de la Silicon Valley, de Chine et de Corée du Sud. Ils concèdent avoir "quelques concurrents" en Europe et aux États-Unis, mais "avec des technologies différentes".
"Sur le marché du smartphone, on est encore dans une phase d'évaluation et de compréhension des enjeux. On ne veut pas être dans une approche gadget", affirme Cédric Chappaz, qui emploie actuellement une trentaine de personnes.
Au total, une trentaines de brevets ont été déposés dans plusieurs pays par Hap2U depuis sa création pour protéger cette technologie conçue pour être appliquée sur d'autres surfaces comme le bois, le plastique ou le métal, mais aussi à d'autres marchés.
L'entreprise au chiffre d'affaires d'un million d'euros, labellisée "French Tech", revendique une "cinquantaine de contrats" signés avec des spécialistes de l'automobile, de l'équipement électroménager et de l'équipement industriel.