L'éditeur français de jeux vidéo Ubisoft a dégagé 100 millions d'euros de bénéfice net sur un chiffre d'affaires de 1,8 milliard d'euros lors de son exercice décalé 2018-2019, après application des nouvelles normes comptables, sans comparaison possible avec l'exercice précédent, d'après un communiqué publié mercredi.
En termes de revenus, le groupe met en avant ses réservations nettes ("net bookings"), à 2,029 milliards d'euros (+17,1% en un an), contre les 2,05 milliards attendus, une performance qu'Ubisoft juge "record" et conforme "à ses objectifs".
Ce léger manque à gagner s'explique notamment par une concurrence "plus forte qu'attendue sur console, notamment les jeux payants et +free-to-play+ (gratuits)" au quatrième trimestre de l'exercice décalé, a avancé Frédéric Duguet, directeur financier du groupe.
Il a en revanche assuré que l'éditeur n'était pas trop affecté par le phénomène Fortnite, un jeu free-to-play en ligne lancé en 2017 qui est rapidement devenu l'un des titres les plus pratiqués, car Ubisoft s'est avant tout spécialisé dans les jeux dits "AAA" (des blockbusters en haute définition).
"Ce jeu-là est principalement sur une audience jeune. Nous, nos jeux sont principalement sur une audience mature (les adultes de 18 ans et plus, NDLR). Certains de nos concurrents sont plus touchés par Fortnite", estime-t-il.
Ubisoft indique avoir atteint les 100 millions de joueurs actifs uniques (hors mobile) un "record d'engagement global", notamment grâce à des titres à succès comme les derniers opus de Rainbow Six, Assassin's Creed et The Division.
Le groupe se félicite d'une progression de 62% des réservations nettes en Asie, portée notamment par la Chine, un marché historiquement difficile à aborder pour les éditeurs occidentaux.
En 2018, le groupe français a signé un partenariat avec le géant chinois Tencent, qui en est devenu actionnaire à hauteur de 5%. "Ils nous aident à adapter nos jeux sur PC, et sur mobile, ils développent des jeux sur nos franchises, nos marques AAA", a remarqué le directeur financier.
Grâce à cet allié de poids, et grâce à la transformation en cours dans l'industrie du jeu vidéo, le PDG Yves Guillemot a confirmé dans le communiqué espérer "toucher 5 milliards de joueurs" sur les 10 prochaines années.
Il parie sur la disparition des barrières "entre les plateformes et entre les zones géographiques", avec l'émergence de nouveaux modèles d'accès aux jeux.
"Nous investissons dans notre plateforme Uplay (services et distribution en ligne, NDLR) qui rencontre un succès grandissant, et nous investissons dans le streaming, le +cloud gaming+ (jeu en ligne sans téléchargement, NDLR) et l'intelligence artificielle", a détaillé Frédéric Duguet.
Ubisoft compte aussi parmi ses partenaires Epic Games (filiale du chinois Tencent et producteur de Fortnite) et Google, qui veut révolutionner le jeu vidéo avec sa nouvelle plateforme, Stadia. Elle permettra de jouer en streaming sur différents appareils compatibles.
En termes de prévisions pour l'exercice 2019/20 en cours, Ubisoft table sur 2,185 milliards d'euros de réservations nettes et 480 millions d'euros de résultat opérationnel non-IFRS.
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