La Chine, qui concentre l'essentiel de la production mondiale de terres rares, est également devenue en 2018 le premier pays importateur du globe selon une étude, au risque d'intensifier les tensions sur ces composants incontournables dans l'électronique.
Le nom de "terres rares" recouvre un groupe de 17 éléments métalliques devenus indispensables dans la fabrication de produits de haute technologie, comme les éoliennes, les smartphones ou les moteurs électriques.
Si la Chine concentre plus des trois-quarts de la production mondiale de terres rares, le géant asiatique en est également un vorace consommateur pour alimenter son secteur manufacturier et son boom de véhicules électriques.
Selon une étude du cabinet Adamas Intelligence obtenue par l'AFP, la Chine continue d'approvisionner en grande partie le reste du monde: elle a exporté quelque 53.000 tonnes de terres rares en 2018, une hausse de 4% sur un an.
Mais dans le même temps, la Chine a gonflé ses achats de certains éléments: du coup, ses propres importations de terres rares se sont envolées l'an dernier de 167%, à 41.400 tonnes, pour une valeur totale de 217 millions de dollars selon Adamas.
Les efforts draconiens de Pékin pour combattre l'extraction illégale de terres rares en Chine, florissante et lucrative, a fortement réduit l'offre de certains éléments... obligeant des firmes à doper leurs achats à l'étranger.
Or, parallèlement, la production de terres rares en Birmanie a gonflé l'an dernier de 70%: les exportations birmanes vers la Chine ont bondi en 2018 de 70% également, à 20.400 tonnes.
"Les importations de Birmanie sont devenues une source vitale (de certains composants) pour les fabricants chinois d'aimants et alliages" spécialisés, explique le rapport d'Adamas.
De leur côté, les Etats-Unis, marché crucial pour les terres rares chinoises, musclent leur propre extraction de certains composants: en 2018, ils ont vendu 16.500 tonnes à la Chine (essentiellement cérium et lanthane), tout en achetant d'autres composants à Pékin.
Les terres rares chinoises restent si cruciales pour l'industrie américaine que Washington avait renoncé l'an dernier à imposer des surtaxes douanières dessus, dans le cadre du conflit commercial sino-américain.
Pour le cabinet Adamas, des tensions pourraient perturber l'approvisionnement de certains composants en 2019, notamment si la Chine décide de restreindre ses importations de Birmanie.
Par ailleurs, Pékin a annoncé vendredi avoir abaissé d'environ 20% ses quotas de production de terres rares pour le premier semestre 2019, selon le ministère des Ressources naturelles: de quoi exacerber les craintes sur l'offre.
En 2017, la Chine a produit quelque 105.000 tonnes de terres rares, soit 80% de l'offre mondiale, mais l'extraction illégale chinoise s'élevait selon certaines évaluations à plus de 45.000 tonnes supplémentaires.
En 2011, le géant asiatique avait provoqué une flambée momentanée des prix et une crise sur le marché mondial en appliquant de sévères quotas à l'exportation.