La plateforme britannique de télémédecine Zava a annoncé jeudi avoir levé 28 millions d'euros pour accélérer son développement, y compris en France, où son modèle d'activité n'est toutefois pas compatible en l'état pour proposer des téléconsultations remboursées par l'assurance maladie.
Depuis septembre dernier, l'assurance maladie rembourse la téléconsultation, mais sous certaines conditions: un tel acte doit obligatoirement se faire en visioconférence et en priorité avec son médecin traitant.
Des exceptions sont acceptées, mais le principe général établi par l'assurance maladie est que le médecin téléconsultant ait déjà rencontré physiquement le patient au préalable.
Cela implique une organisation territoriale de la téléconsultation sur un mode local, qui a par ailleurs été confirmée par un jugement en référé du Conseil d'Etat fin mai.
Or, Zava fonctionne actuellement en employant des médecins dans un cabinet médical en ligne basé à Londres, pour effectuer des téléconsultations de patients dans plusieurs pays européens dont la France, et sans visioconférence de surcroît.
"Nous n'excluons pas complètement la vidéo" pour davantage se développer en France, ni de se tourner vers d'autres acteurs que l'assurance maladie comme les assureurs et les entreprises, explique à l'AFP Roxane Ferrand, directrice des relations clients de Zava.
Présentée comme un outil contre les déserts médicaux et la saturation des urgences, la télémédecine figure en bonne place dans le projet de loi Santé adopté mardi par le Sénat. Cependant ses débuts restent encore modestes.
Début mai, la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait indiqué au Journal du Dimanche que plus de 11.500 téléconsultations remboursées par l'assurance maladie avaient déjà été effectuées. Un chiffre encore très loin de l'objectif initial du gouvernement, qui tablait sur 500.000 actes de ce type en 2019.
Le choix d'un ancrage local de la téléconsultation "est un frein sérieux" à son développement en France, selon Maxime Cauterman, directeur médical de Livi, l'application française du géant européen de la télémédecine, le suédois Kry.
Livi avait été à l'origine de la saisine du Conseil d'Etat, face au refus de l'assurance maladie de rembourser certains de ses actes de téléconsultation, réalisés pour des patients de la France entière à partir d'un centre de santé dans le Val-de-Marne.
Désormais, Livi va limiter les téléconsultations de ce centre aux patients de son département, un schéma qu'il compte reproduire ailleurs. Cependant cette solution impliquant des partenariats locaux "demande du temps pour être mise en oeuvre", regrette encore le directeur général de Livi France, Jonathan Arduin, interrogé par l'AFP.