La taxe sur les géants du numérique adoptée définitivement par le Parlement n'est "pas un bon outil" et risque de pénaliser des entreprises françaises en croissance, a estimé jeudi Jean-David Chamboredon, le coprésident de France Digitale, qui fédère start-up et fonds d'investissements français.
La taxation du chiffre d'affaires des activités numérique, choisie par le gouvernement "n'est pas un bon outil", a déclaré M. Chamboredon à l'AFP.
Les entreprises françaises touchées par la taxe seront "très défavorisées par rapport à leurs concurrentes britanniques et allemandes", a-t-il regretté.
Quant aux entreprises françaises du numérique en croissance, il y a désormais "une espèce de risque fiscal" qui pèse sur elles, a-t-il déploré.
Le seuil d'exigibilité a été fixé par la loi à 750 millions d'euros de chiffre d'affaires dans le monde, dont 25 millions d'euros pouvant être rattachés à des utilisateurs localisés en France.
Pour l'instant la taxe concerne un nombre limité d'entreprises françaises (ou ex-françaises) selon les informations dont dispose France Digitale: Criteo (ciblage publicitaire sur internet), Meetic (filiale de l'américain Match Group), Leboncoin (intégré aujourd'hui dans le norvégien groupe Schibsted), Se Loger.com (filiale du groupe allemand Axel Springer), ou l'ancien Price Minister, devenue filiale du groupe japonais Rakuten.
Tech In France, autre association professionnelle du numérique qui regroupe 400 entreprises adhérentes, a réitéré de son côté ses critiques concernant la taxe.
Tech In France "regrette la création d'une nouvelle taxe française sur la production, qui va impacter précisément certains acteurs français en concurrence" avec les Gafa, a-t-elle indiqué dans un communiqué.
"Il faut espérer que les travaux de l'OCDE" qui visent à trouver une solution mondiale pour la taxation du numérique "aboutissent sans trop tarder", afin que la taxe française disparaisse comme le gouvernement l'a promis, a indiqué Tech In France.
Après un ultime vote à main levée du Sénat, la France est devenue jeudi "le premier Etat à introduire en Europe une taxation" des Gafa, selon les mots du ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
Les Etats-Unis ont menacé la France de représailles.
lby/etr/LyS
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