L'américain Micron a indiqué mardi avoir repris les livraisons de certains composants électroniques au chinois Huawei dont il estime qu'ils n'entrent pas dans le champ de l'interdiction récente de Washington, devenue un vrai casse-tête pour nombre de fournisseurs.
Lorsque le ministère américain du Commerce a annoncé mi-mai l'interdiction de vendre des composants et technologies à Huawei, "Micron a immédiatement suspendu (ses) livraisons" au groupe chinois bête noire de Washington, a expliqué mardi le PDG de Micron Sanjay Mehrotra lors d'une conférence téléphonique avec des analystes pour commenter ses résultats trimestriels, affaiblis par le conflit avec Huawei.
Toutefois, a-t-il ajouté, après examen minutieux des textes officiels, "nous sommes arrivés à la conclusion que nous pouvions légalement reprendre des livraisons d'une partie des produits actuels" qui ne tombent pas sous le coup de l'interdiction.
M. Mehrotra a cependant souligné les "incertitudes considérables" autour de Huawei et qu'il s'adapterait à tout changement réglementaire.
Selon le New York Times, son compatriote Intel poursuit lui aussi ses livraisons au numéro deux mondial des smartphones, que les Etats-Unis accusent d'être une menace pour sa sécurité nationale du fait de sa proximité supposée avec le pouvoir chinois. Des accusations démenties par le groupe.
Sollicité par l'AFP, le ministère américain du Commerce n'a pas souhaité commenter.
Les propos du patron de Micron font écho à ceux de la Semiconductor Industry Association (SIA), qui représente les grands noms du secteur, et qui a estimé vendredi que certaines ventes étaient toujours légalement possibles.
"Comme nous en avons discuté avec le gouvernement américain, il est maintenant clair que certains produits peuvent être fournis à Huawei" tout en respectant les textes, a écrit dans un communiqué le dirigeant de la SIA, John Neuffer, renouvelant toutefois "ses inquiétudes à plus long terme" pour le secteur américain des semi-conducteurs, privé d'un marché important.
- Flou -
La décision de Washington de sanctionner Huawei, prise sur fond de guerre commerciale, a créé par ricochet de grosses incertitudes pour des entreprises américaines, nombreuses à avoir le géant chinois comme client, que ce soit pour des composants ou des technologies et services (Android/Google, Facebook...).
Cette interdiction apparaît d'autant plus comme un casse-tête qu'elle semble assez floue quant aux produits et technologies précis interdits à l'exportation (notamment pour les produits fabriqués dans d'autres pays) et au calendrier d'entrée en vigueur de ces sanctions.
Visiblement conscient d'avoir suscité une certaine confusion avec son interdiction initiale en mai, Washington avait peu après donné un sursis de 3 mois, ré-autorisant provisoirement la fourniture de technologies actuellement utilisées par Huawei tout en maintenant une partie de l'interdiction immédiate pour les produits destinés à de futurs appareils de la marque.
Illustration du casse-tête posé aux entreprises américaines, le groupe de messagerie FedEx s'est fâché lundi et a déposé une plainte contre le ministère du Commerce américain, qu'il accuse de faire porter un "fardeau impossible" aux sociétés de livraison par ses sanctions commerciales.
Pour la deuxième fois en moins d'un mois, le groupe venait d'être critiqué par Pékin pour avoir refusé d'acheminer aux Etats-Unis un colis contenant un smartphone de la marque chinoise.
Huawei a acheté l'an dernier pour quelque 11 milliards de dollars en technologies fournies par des entreprises américaines.
jc/la
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