Facebook, déjà épinglé maintes fois sur les questions de respect de la vie privée et de protection des données, n'est pas forcément digne de foi quand il s'agit de son nouveau projet de cryptomonnaie, ont mis en avant plusieurs sénateurs américains lors d'une audition mardi.
"Facebook n'a peut-être pas l'intention d'être dangereux mais ils ont déjà démontré qu'ils ne respectaient pas le pouvoir des technologies avec lesquelles ils jouent", a ainsi dénoncé le sénateur démocrate Sherrod Brown.
"Facebook nous a dit encore et encore qu'on devait leur faire confiance, mais à chaque fois que les Américains vous font confiance, il semblerait qu'ils s'en mordent les doigts", a-t-il ajouté.
L'élu s'adressait à David Marcus, le responsable en charge du développement du dernier grand projet du réseau social: la devise virtuelle Libra.
Avec la création de cette monnaie numérique offrant un nouveau mode de paiement en dehors des circuits bancaires traditionnels, annoncée mi-juin, Facebook veut bouleverser le système financier mondial.
Mais la cryptomonnaie suscite de plus en plus d'inquiétudes parmi les régulateurs du monde entier et David Marcus a tenté de défendre pendant deux heures le projet devant la commission des Finances du Sénat américain. Il a promis de répondre à toutes les préoccupations des législateurs avant de lancer la devise sur le marché, comme les craintes liées à l'utilisation de la Libra pour du blanchiment d'argent.
La question de la confiance à accorder à Facebook est plusieurs fois revenue sur le tapis.
Ainsi le sénateur républicain John Kennedy a posé plusieurs questions sur ce que les responsables de Facebook savaient exactement à propos des ingérences russes via le réseau social lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 2016.
"J'ai beaucoup de respect pour Facebook mais Facebook veut maintenant contrôler la quantité de monnaie en circulation. Qu'est-ce qui pourrait dérailler?" s'est-il interrogé.
D'autres sénateurs se sont aussi demandé si Facebook allait vraiment respecter l'engagement de ne pas mélanger les données partagées sur la plateforme de la Libra et sur le réseau social et celles destinées à cibler les publicités.
"Je ne vous fais tout simplement pas confiance", a asséné la sénatrice républicaine Martha McSally. "Vous avez enfreint la vie privée par le passé (...) et pourtant vous lancez un nouveau produit et assurez que la vie privée sera respectée. Comment les utilisateurs pourront savoir si cela ne va pas aussi changer et que le respect de leur vie privée ne sera pas de nouveau enfreint?"
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