L'équipementier chinois Huawei a été réinculpé jeudi à New York de vol de secrets industriels et de contournement des sanctions contre la Corée du Nord, accusations qui s'ajoutent aux premières poursuites pour violation des sanctions américaines contre l'Iran.
Inculpée dans le premier acte d'accusation en janvier 2019, la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, actuellement en résidence surveillée au Canada, reste citée dans le nouvel acte, sans être accusée de malversations supplémentaires.
La justice canadienne n'a toujours pas statué sur son extradition vers les Etats-Unis.
Premier équipementier télécom du monde, Huawei a été mis en cause, sur fond de guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, par le gouvernement Trump qui met en avant un risque d'espionnage pour le compte du gouvernement chinois.
Les Etats-Unis ont ainsi appelé de nombreux pays à ne pas utiliser les infrastructures Huawei pour le déploiement du nouveau réseau téléphonique 5G.
Selon les services du procureur fédéral de Brooklyn Richard Donoghue, Huawei et plusieurs de ses filiales se sont livrés au vol de secrets industriels entre 2000 et 2020.
L'équipementier est notamment accusé d'avoir tenté de recruter des salariés d'entreprises américaines de télécommunications, obtenant d'eux, au passage, des informations technologiques.
Ces données lui ont permis de mettre au point des produits similaires à ceux de ses concurrents, à des prix de vente moindre, selon le nouvel acte d'accusation.
Parmi les exemples cités dans le nouvel acte d'accusation: lors d'un salon professionnel à Chicago, en 2004, un employé de Huawei a ainsi été découvert, en pleine nuit, en train de prendre des photos du serveur informatique d'un concurrent, qu'il avait démonté.
L'équipementier chinois a alors soutenu que l'individu, qui portait un badge sur lequel était inscrit "Weihua", était un employé subalterne qui s'était rendu au salon de sa propre initiative, bien que son CV mentionne qu'il était ingénieur senior en recherche et développement.
En 2013, Huawei a même lancé, selon l'accusation, un programme interne offrant des primes aux employés qui obtiendraient des secrets industriels de concurrents.
Dans le document d'inculpation versé jeudi au dossier, le procureur affirme également que Huawei a pris part à "de nombreux projets de télécommunication" en Corée du Nord.
Un dirigeant avait pourtant affirmé en 2012, sous serment, devant une commission parlementaire américaine, que Huawei n'avait pas d'activités en Corée du Nord.
Au total, le nouvel acte d'accusation comprend 16 chefs d'inculpation.
Cinq sociétés au total sont inculpées, toutes filiales de Huawei, de même que Meng Wanzhou et d'autres dirigeants du groupe, "qui n'ont pas encore été interpellés" et dont les noms ont été caviardés de l'acte d'accusation.