PayPal, l'un des futurs membres du consortium de gestion de Libra, affiche une certaine prudence concernant l'avenir du projet de monnaie virtuelle de Facebook, dont le lancement est prévu pour mi-2020, mais qui subit l'opposition croissante de nombre d'acteurs et régulateurs.
"C'est un engagement non contraignant (pour PayPal)", rappelle Gabrielle Rabinovitch, directrice des Relations investisseurs de PayPal. "Et évidemment, je pense qu'il y a encore beaucoup de travail avant que nous arrivions au stade où ça devient plus qu'une idée enthousiasmante".
Facebook a confié la gouvernance et la gestion de Libra à une entité indépendante, basée à Genève (Suisse) et composée d'entreprises comme Mastercard et Visa ou PayPal.
Chacune doit investir au moins 10 millions de dollars dans le projet.
Libra est censée offrir à partir de courant 2020 un nouveau mode de paiement en dehors des circuits bancaires traditionnels: elle se veut la pierre angulaire d'un nouvel écosystème, un outil susceptible d'intéresser notamment les exclus du système bancaire, dans les pays émergents par exemple, ou encore les migrants qui envoient de l'argent à leurs proches dans leur pays d'origine.
Ces transferts ont représenté 529 milliards dollars en 2018, d'après la Banque mondiale.
PayPal est présent sur ce secteur, notamment depuis l'acquisition de Xoom en 2015, qui facilite ce type de transferts à des prix inférieurs à ceux des institutions traditionnelles (banques et bureaux de poste).
"Les objectifs et ambitions de Libra correspondent bien à l'ambition générale de PayPal d'aider ceux qui sont le moins bien desservis et de démocratiser l'accès au capital", a déclaré Gabrielle Rabinovitch.
Mais le projet suscite une levée de boucliers de la part de certains Etats et autorités de régulation, inquiétés par la mauvaise réputation de Facebook en matière de confidentialité et de protection des données personnelles.
La taille de Facebook, premier réseau social du monde avec 2,7 milliards d'utilisateurs si l'on comprend toutes ses applications (WhatsApp, Messenger), implique aussi que la nouvelle monnaie Libra pourrait perturber le système financier mondial et rendre la tâche plus difficile aux banques centrales.
"Les régions émergentes sont aussi celles où les pressions politiques sont les plus fortes", estime Mme Rabinovitch.
"Donc je ne sais pas si ce sera jamais une solution déployée à échelle mondiale. Il faudrait que Libra soit meilleure que les monnaies existantes aujourd'hui".
"Le chemin est long avant que ce soit une réelle alternative de substitution (aux systèmes existants) au niveau mondial", a-t-elle conclu.
juj/leo
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