La principauté de Monaco va s'ouvrir aux levées de fonds en cryptomonnaies (ICO) en autorisant les opérations répondant à certains critères environnementaux ou sociétaux, a-t-on appris mardi auprès de la principauté.
La première de ces levées de fonds sera menée par le cinéaste Luc Jacquet ("La Marche de l'empereur"), qui veut ainsi financer cinq films et deux festivals de cinéma, a indiqué à l'AFP Frédéric Genta, le délégué interministériel pour le numérique de la principauté.
Les levées de fonds en cryptoactifs consistent à émettre des "jetons" (token en anglais), qui ouvrent certains droits à leurs acquéreurs.
Ces opérations de levées de fonds ont connu une explosion en 2017-18, avant que le krach des cryptomonnaies ne leur donne un coup de frein brutal.
Elles sont souvent controversées, nombre d'escrocs ou d'entrepreneurs peu sérieux les ayant utilisées pour lever des fonds.
Mais beaucoup d'acteurs financiers y voit malgré tout une technique d'avenir, lorsque le marché se sera assaini.
Monaco "veut être l'Etat qui procure les ICO les plus sécurisées au monde", a déclaré à l'AFP Frédéric Genta.
Dans le cas de la levée de fonds de la société de Luc Jacquet, ces jetons "donneront droit à des revenus financiers en fonction de la performance de ses films", a précisé Frédéric Genta.
La principauté elle-même participera à cette première levée de fonds, par l'intermédiaire de son fonds de réserve.
Les sociétés désireuses de faire une ICO depuis Monaco devront être immatriculées dans la principauté, et le visa du gouvernement sera obligatoire, a-t-il précisé.
"Nous espérons créer ainsi dix entreprises et 150 emplois par an dans la principauté", a déclaré M. Genta.
La mesure s'annonce dans la nouvelle stratégie numérique de Monaco, présentée mardi soir dans la principauté par le souverain monégasque, le prince Albert II.
La principauté sera couverte dès l'automne par la 5G, avec un réseau fourni par l'équipementier chinois Huawei.
Des véhicules autonomes seront également mis en service dès cet été.
Monaco va également se doter d'un "cloud souverain", un centre de données situé dans la principauté, et va généraliser l'apprentissage de la programmation dans les écoles, de la maternelle au lycée.
"Monaco a toujours été l'un des pays les plus attractifs au monde pour les entreprises, et l'attractivité se joue de plus en plus sur le numérique", a expliqué M. Genta.
Monaco est l'image même de la prospérité économique, mais la principauté a ses propres défis à relever.
En 2017 (dernier chiffre disponible), le PIB de la principauté a baissé de 3,5% à 5,68 milliards d'euros. C'était le premier recul depuis 2009.
Selon l'institut de statistiques monégasque, la baisse était liée au recul des activités de promotion immobilière et des autres activités de services.