Mark Karpelès, jeune loup français de l'internet accusé d'avoir détourné à son profit personnel des fonds de la plateforme d'échange de monnaie virtuelle bitcoin, attendait vendredi le verdict du tribunal de Tokyo.
Dix ans de prison ferme ont été requis par le procureur contre celui qui dirigeait jusqu'à sa faillite début 2014 la société MtGox, devenue la principale place mondiale des transactions en bitcoin.
Libéré sous caution en 2016 après un an de détention provisoire, M. Karpelès, 33 ans, comparaît pour abus de confiance découlant de manipulation de données informatiques et de détournement de fonds commerciaux "dans le but de couvrir des frais personnels, avec manquement aux obligations découlant de sa charge", selon l'acte d'accusation.
Ce génie de l'informatique est accusé d'avoir utilisé 341 millions de yens (2,7 millions d'euros actuels) de la firme pour s'offrir une vie de pacha.
Plaidant non coupable depuis le début de son procès mi-2017, il avouait dans un entretien accordé récemment au journal Les Echos avoir peu de chance d'être acquitté.
"Ce que je peux espérer, c'est une condamnation légère qui m'évitera de retourner en détention et de faire des travaux forcés", confiait-il.
S'il écope d'un verdict de prison ferme, il sera arrêté sur-le-champ. Il pourra alors faire appel et déposer une demande de libération moyennant le paiement d'une nouvelle caution. L'appel seul n'est pas suspensif.
L'audience, publique mais avec très peu de places, est prévue vendredi à 10H00 à Tokyo (01H00 GMT).
Les faits reprochés à M. Karpelès avaient été découverts en marge d'une enquête qui visait à faire la lumière sur la disparition soudaine de centaines de milliers de bitcoins.
MtGox avait selon son patron été victime d'une attaque informatique, ce que des investigations distinctes à l'étranger tendent à confirmer.
Même si les deux histoires n'ont sur le fond rien à voir, l'affaire Karpelès offre des points de comparaison avec les démêlés judiciaires de l'ex-patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn, compte tenu d'un parcours juridique qui présente des similarités: inculpation pour abus de confiance, détention prolongée, libération sous caution.