Google s'est vu accusé mercredi par un parti d'opposition à Singapour de "faire des courbettes" au gouvernement en interdisant les publicités à caractère politique avant des élections attendues dans les mois qui viennent.
Cette interdiction a été imposée aux termes d'une nouvelle loi controversée adoptée par la ville-Etat pour combattre la désinformation.
L'opposition, qui compte sur les réseaux sociaux pour toucher des électeurs dans un pays où les grands médias soutiennent le gouvernement, redoute que cette loi serve à faire taire les voix dissidentes.
Le Parti démocratique de Singapour (SDP), l'un des principaux partis d'opposition, a reproché à Google d'avoir refusé sa demande d'acheter des publicités sur le site.
Google a invoqué la nouvelle loi, qui interdit la publicité visant à influencer l'opinion publique, montre un échange de lettres entre la firme américaine et le SDP publié sur le site du parti par son président Paul Tambyah.
"Nous comptons beaucoup sur les réseaux sociaux et l'internet pour que notre message parvienne à la population de Singapour", explique M. Tambyah dans une lettre adressée au patron de Google, Sundar Pichai. "Cette nouvelle politique est inquiétante et très décevante".
Selon cet échange publié par le parti, Ted Osius, vice-président de Google chargé des affaires gouvernementales et des politiques publiques, a répondu que l'interdiction de la publicité politique "n'était pas une décision facile à prendre".
Google, dont le siège régional se trouve à Singapour, n'a pas répondu dans l'immédiat aux demandes de commentaires.
Le parti de M. Tambyah ne dispose actuellement d'aucun siège au Parlement et l'opposition divisée n'est pas considérée comme une menace pour le Parti d'Action Populaire (PAP) au pouvoir depuis 1959 à Singapour.
"C'est très décourageant, quand les médias nationaux sont contrôlés, que les médias sociaux fassent à leur tour des courbettes", a déclaré à l'AFP Brad Bowyer, membre d'un autre parti d'opposition, le Parti du progrès de Singapour (PSP).
La semaine dernière, Brad Bowyer avait dû, aux termes de la nouvelle loi, rectifier un message publié sur Facebook susceptible selon les autorités d'"attenter à la réputation" de deux fonds d'investissement étatiques.
Samedi, Facebook a publié un rectificatif à la demande de Singapour sur un message posté par Alex Tan, à la tête du site critique States Times Review, se pliant à une injonction des autorités.
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