Le gouvernement allemand demande à Facebook de renoncer à crypter l'ensemble de ses plateformes sans garantir un accès aux forces de l'ordre, se heurtant à une fin de non recevoir du géant de la tech.
Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Australie avaient déjà émis, dans une déclaration commune, une même inquiétude le 4 octobre auprès de Facebook.
"Les préoccupations exprimées dans cette lettre ouverte concernant les conséquences problématiques à prévoir pour la sécurité publique du projet du groupe Facebook sont partagées par le ministère de l'Intérieur" allemand, indique-t-il dans une déclaration que publiera dimanche le journal Welt am Sonntag.
Les responsables politiques demandent régulièrement à pouvoir accéder à ces données, mais cette requête est difficile à concilier avec l'impératif de respecter la vie privée des usagers.
Vilipendé partout dans le monde pour ne pas assez sécuriser ses données, Facebook a d'ailleurs promis récemment de crypter sa plateforme de messagerie instantanée Messenger comme l'est déjà WhatsApp.
Le gouvernement allemand redoute, avec ce projet, "un affaiblissement de la capacité des autorités à détecter des menaces graves".
Il demande à Facebook de créer une porte d'accès aux contenus de communications cryptées : "Des solutions techniques doivent être trouvées au cas par cas et en fonction de la plate-forme concernée". Trouver une "solution appropriée" relève "d'abord et avant tout de la responsabilité de l'entreprise", juge le ministère de l'Intérieur.
Selon Welt, le ministère s'est attiré la même réponse de Facebook que les trois premiers pays : "Nous rejetons avec véhémence les tentatives des gouvernements de faire installer une porte dérobée car cela mettrait en danger la vie privée et la sécurité des personnes dans le monde entier", selon un porte-parole allemand de l'entreprise.
Le groupe a effectué en 2018 16,8 millions de signalements portant sur des images ou des comportements à caractère pédophile, selon les ministres de l'Intérieur américain, britannique et australien. Si Facebook met son projet en oeuvre, 70% de ces signalements ne seront plus faisables, estiment les responsables, en appelant le groupe à "suspendre" sa réforme le temps de trouver une solution.
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