La ville de Paris a officiellement inauguré son nouveau coeur informatique, un centre de données qu'elle a choisi de gérer elle-même par souci de rentabilité financière et volonté de ne pas dépendre des grands acteurs du secteur.
Le nouveau centre de données, représentant un investissement de 16 millions d'euros, est installé en sous-sol dans les immeubles d'un nouveau quartier situé sur une ancienne emprise SNCF à la porte de la Chapelle, dans le nord de Paris.
Il héberge les serveurs de la ville de Paris mais aussi ceux d'autres institutions publiques comme l'AP-HP (Hôpitaux de Paris) qui viennent profiter de l'infrastructure bâtie par la municipalité.
La municipalité parisienne a fait le choix de gérer elle-même son infrastructure informatique par souci de "souveraineté", a expliqué mardi à la presse Emmanuel Grégoire, le premier adjoint de la ville.
Ce choix "nous permet de donner une garantie d'inviolabilité sur les données sensibles" des habitants de Paris, a-t-il expliqué.
Par ailleurs, Paris a la "masse critique" suffisante en terme de besoins informatiques pour rentabiliser sa propre infrastructure, a-t-il souligné.
Selon Joachim Labrunie, le chef du service technique infrastructure de la ville, le centre de donnée sera rentabilisé en huit ans, par rapport au choix d'un opérateur extérieur.
Selon la mairie, le centre de données, dont la puissance électrique pourra monter à terme jusqu'à 840 KW, aura par ailleurs de bonnes performances environnementales.
La compagnie de chauffage urbain de Paris (CPCU) récupérera une partie de la chaleur produite par le système de refroidissement des serveurs, au bénéfice des immeubles du nouveau quartier.
La chaleur produite sera également utilisée pour les serres d'agriculture urbaine implantées sur les toits voisins.
Au total, le centre devrait bénéficier d'un bon ratio "électricité totale consommée/électricité utilisée par les serveurs" (PUE), compris entre 1,2 et 1,4, indique la mairie de Paris.
La numérisation de l'économie provoque une inflation de la production de données, amenant une préoccupation croissante sur leur sécurité.
Le règlement européen sur la protection des données (RGPD) a placé de nouvelles obligations de sécurisation sur les entreprises et les collectivités publiques.
Certains acteurs s'inquiètent également des effets du "cloud act", une législation adoptée en mars 2018 par les Etats-Unis.
Cette législation pourrait contraindre les géants américain du traitement et stockage de la donnée (Amazon Web Services, Google, Microsoft...) à communiquer à l'administration américaine des données qu'ils hébergent même si les serveurs concernés sont situés en dehors des Etats-Unis.
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CPCU - COMPAGNIE PARISIENNE DE CHAUFFAGE URBAIN
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