Facebook ou Google ont largement contribué à étouffer économiquement la presse mais il faut pour les affronter d'autres armes législatives que les actuelles lois antitrust, inadaptées, ont affirmé des représentants des médias mardi lors d'une audition au Congrès.
"Le fait que les géants technologiques contrôlent à la fois la distribution des informations et l'argent qui en est tiré (grâce à la publicité, NDLR) menace l'existence même des organes de presse" car ils "siphonnent" leurs revenus publicitaires, a déclaré David Chavern, à la tête de la News Media Alliance, qui représente la presse américaine.
Il s'exprimait devant des élus d'une commission de la Chambre des représentants, qui vient d'ouvrir une enquête sur les pratiques des géants technologiques, accusés d'abuser de leur position de force pour étouffer la concurrence, ce que nient fermement les intéressés.
Mais alors que les appels au démantèlement pur et simple de ces "monopoles" se sont multipliés, plusieurs acteurs du secteur invités à témoigner mardi ont souligné que la législation actuelle n'était pas la panacée, loin de là: insuffisante pour régler les problèmes, inadaptée à l'ère du numérique ou trop longue à mettre en oeuvre.
"Deux plateformes technologiques jouent le rôle de régulateurs du secteur de l'information en ligne. Sauf que ces régulateurs ne sont soumis à aucun contrôle législatif ou démocratique", a ajouté M. Chavern.
Mais les médias sont trop faibles pour négocier efficacement avec ces mastodontes pour obtenir par exemple une meilleure répartition des revenus, a continué M. Chavern, appelant les élus à aider à rééquilibrer un marché interdépendant mais totalement asymétrique.
Paradoxalement, a-t-il souligné, la législation anti-monopole actuelle interdit aux médias de s'unir : il a donc plaidé en faveur d'une proposition de loi ("Journalism Competition and Preservation Act") présentée par deux parlementaires, qui permettrait des exceptions, réservées aux médias d'information, à la loi antitrust.
"Si (la presse) pouvait s'unir, elle aurait assez de pouvoir pour faire venir les plateformes à la table des négociations", a abondé David Pitofsky, directeur juridique du groupe de médias News Corp (Rupert Murdoch).
"Cette proposition de loi est un bon remède à court terme", a-t-il insisté, même s'il faut d'autres mesures législatives, à long terme, pour aider la presse à survivre et mieux encadrer les groupes technologiques.
Même si la "tech" a eu des effets sur certains modèles économiques traditionnels, elle aide aussi la presse à diffuser ses contenus à un public plus large, a argumenté pour sa part Matt Schruers, de la Computer & Communications Industry Association, qui représente les groupes technologiques.
jc/AB
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