Le procès des caisses noires de Siemens, une des plus grandes affaires de corruption en Grèce, est entré dans sa phase finale, lundi, avec le réquisitoire du ministère public, qui a évalué à 69 millions d'euros le préjudice pour l'Etat grec.
Le groupe bavarois est accusé d'avoir versé des pots-de-vin à différents responsables grecs pour obtenir le vaste chantier de la modernisation du réseau téléphonique grec à la fin des années 1990.
"Pour la signature du contrat 8002 entre Siemens et OTE (la compagnie publique de télécommunications) en 1997, 75 millions de marks allemands ont été versés illégalement à de hauts responsables de l'Etat (grec), et pour son extension en 2001, 19 autres millions", a déclaré la procureure, Eleni Skeparnia, se référant à un document de l'entreprise-mère.
Le préjudice pour l'État grec s'élèverait à 69 millions d'euros, selon la procureure citée par l'Agence de presse grecque ANA. "Les pots-de-vins en Grèce sont une longue tradition", a commenté la procureure.
Sur les seize personnes entendues lundi dans ce volet de l'affaire, des responsables de Siemens et de l'OTE, la procureure a réclamé la condamnation de cinq hauts cadres. Son réquisitoire doit se poursuivre mercredi et devrait entrer alors dans le détail des peines requises.
Plusieurs accusés clés, dont le dirigeant à l'époque de la branche grecque de Siemens Michalis Christoforakos, ne sont pas présents pour le procès à Athènes. L'ex-dirigeant, condamné dans le volet allemand de l'affaire en Allemagne, avait fui la Grèce en 2009 et la justice allemande a depuis refusé son extradition.
Seuls deux responsables politiques du gouvernement socialiste d'Athènes de l'époque ont admis avoir touché des pots-de-vin: l'ex-ministre Tassos Mantelis qui a été condamné en 2017 par un tribunal d'Athènes à huit ans de prison avec sursis pour "blanchiment d'argent", et Theodoros Tsoukatos, conseiller de l'ancien Premier ministre Costas Simitis.
Ouvert en novembre 2015, ce procès a été ajourné à plusieurs reprises pour des questions de procédure et de longues grèves des avocats avant de reprendre fin 2016.
Le géant industriel allemand avait été ébranlé en 2006 par un scandale à dimension internationale, qui avait révélé l'existence de caisses noires d'un montant de 1,3 milliard d'euros.
Ces fonds occultes avaient servi à verser des commissions pour décrocher plusieurs grands appels d'offres dans le monde entier, dont l'un lié à l'organisation des jeux Olympiques d'Athènes en 2004.
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SIEMENS
OTE GROUP - HELLENIC TELECOMMUNICATIONS ORGANIZATION