La justice hongroise a confirmé en appel l'extradition vers le Portugal du hacker Rui Pinto, principal artisan des "Football Leaks" qui ont conduit à l'ouverture d'enquêtes sur le monde du football dans plusieurs pays européens, a-t-on appris jeudi auprès de son avocat à Budapest.
"La décision finale est venue confirmer la décision d'extradition prise en première instance", a déploré auprès de l'AFP cet avocat, David Deak, précisant que la mesure devait être exécutée dans les "10 jours".
Présenté par ses avocats comme un "très important lanceur d'alerte européen", ce Portugais âgé de 30 ans avait été arrêté le 16 janvier à Budapest en vertu d'un mandat d'arrêt européen émis par son pays, qui l'accuse de "tentative d'extorsion aggravée" et de "vol de données".
Rui Pinto a été condamné le 6 mars en première instance à être extradé et a fait appel, qui assurant avoir agi de façon désintéressée.
Le Portugal accuse toutefois Rui Pinto d'avoir volé des données, y compris à l'Etat portugais, et surtout d'avoir procédé à des tentatives de chantage préalablement à ses révélations, notamment auprès du fonds d'investissement maltais Doyen, également impliqué dans des transferts de joueurs.
Le hacker avait depuis 2015 piraté des millions de fichiers relatifs au monde des affaires lié au football dans le but, selon lui, de dévoiler les coulisses d'une industrie "malhonnête".
A partir de 2016, il a confié des millions de documents à un consortium de médias européens qui ont révélé fin 2016 et en novembre dernier des mécanismes d'évasion fiscale, des soupçons de fraude et de corruption mettant en cause plusieurs joueurs vedettes et dirigeants de clubs.
Football Leaks reste à ce jour la plus importante fuite d'informations sur les coulisses du ballon rond.
Parmi les nombreux dossiers qui lui sont imputables: les ennuis fiscaux de Cristiano Ronaldo liés à son passage au Real Madrid, l'affaire du fichage ethnique du Paris SG ou encore la tolérance accordée par l'UEFA aux entorses présumées au fair-play financier du Paris SG et de Manchester City.
Ces révélations ont conduit à l'ouverture de plusieurs procédures judiciaires, notamment en France, en Belgique et en Suisse.
Récemment, son avocat français, William Bourdon, avait jugé "inconcevable" que les parquets européens "soient privés de ses témoignages et de l'accès aux données considérables saisies à Budapest" lors de son arrestation.