Un haut responsable de Huawei a affirmé lundi devant des parlementaires britanniques qu'aucune loi en Chine ne pouvait contraindre le géant chinois des télécoms à se livrer à des pratiques d'espionnage, quand bien même Pékin le lui demanderait.
Le groupe chinois a été placé le mois dernier par Washington sur une liste d'entreprises suspectées d'espionner pour le compte de Pékin, sur fond d'intensification de la guerre commerciale entre les deux puissances économiques.
Mais ces soupçons sont sans fondement, a affirmé le chef de la cyber-sécurité du groupe, John Suffolk, lors d'une audition devant la commission des Sciences et de la technologie de la Chambre des Communes.
"Il n'y a aucune loi en Chine qui nous oblige à travailler avec le gouvernement chinois sur quoi que ce soit", a-t-il déclaré.
Face à lui, le député britannique Julian Lewis a évoqué une loi chinoise de 2017 qui, selon l'élu, donne au régime communiste le pouvoir de demander à des organisations chinoises de fournir "l'assistance et la coopération nécessaires" à ses agences de sécurité.
Ce à quoi John Suffolk a répondu que la formulation "confuse" de cette législation avait poussé Huawei à consulter ses avocats chinois, mais aussi le cabinet londonien Clifford Chance.
"De nombreux pays produisent des lois qui ne sont pas claires et nous avons dû passer par une période de clarification avec le gouvernement chinois, au terme de laquelle il ressort clairement qu'il n'y a pas d'obligation pour les entreprises", a-t-il dit.
"Nous avons fait valider ceci de nouveau par nos avocats, et revalidé par Clifford Chance", a-t-il insisté.
L'explication n'a toutefois guère convaincu le député, qui l'a jugée "tout à fait invraisemblable".
Cette audition a eu lieu alors que le gouvernement britannique doit rendre publique prochainement sa décision quant à la présence de Huawei dans le développement du réseau 5G au Royaume-Uni, et que Washington fait pression sur Londres pour en exclure le groupe chinois.
Les députés britanniques ont également interrogé le responsable de Huawei sur des révélations de chercheurs australiens selon qui la technologie du groupe avait été utilisée à des fins de surveillance au Xinjiang, vaste région à majorité musulmane du nord-ouest du pays.
La région, en proie à des attentats ces dernières années, fait l'objet d'une intense reprise en main de la part de Pékin, au nom de la lutte contre l'islamisme, le terrorisme et le séparatisme.
"Nos contrats sont passés avec un tiers. Ce n'est pas quelque chose que nous faisons directement", a répondu John Suffolk.
Interrogé pour savoir si Huawei pouvait s'estimait "complice" d'éventuelles violations à grande échelle des droits de l'homme, il a déclaré: "Ce n'est pas à nous de porter de tels jugements".