Un millier de téléphones mobiles ont été détruits jeudi par les salariés de la société en difficulté Remade (smartphones d'occasion) pour protester contre les conditions dans lesquels ces derniers risquent d'être licenciés, a affirmé la CFDT du groupe.
"Puisque les hommes n'ont aucune valeur, nous allons nous attaquer à (...) l'argent. Ainsi, nous détruirons 1.000 iPhone par jour jusqu'à être entendus", a menacé jeudi midi dans un communiqué le CSE de Remade SAS qui emploie environ 330 salariés à Poilley, près du Mont-Saint-Michel.
"La première destruction a eu lieu aujourd'hui", a annoncé en fin de journée la CFDT de Remade sur sa page Facebook en postant une vidéo d'un chariot élévateur roulant sur des centaines de téléphones et arborant une pancartes "salariés sacrifiés sans indemnités". La scène se passe devant le site de Poilley sous le regard de plusieurs manifestants debout derrière une banderole avec le nom d'actionnaires et l'inscription "à votre tour d'être piétinés".
La direction de Remade affiche un stock de 25.000 à 33.000 iPhones reconditionnés prêts à être commercialisés.
"A cette date, les offres de reprise ne concerneraient qu'une poignée de salariés et le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) n'est pas financé", poursuit le CSE.
Selon Sophia Garcia, secrétaire CFDT du CSE et cadre de Remade SAS, les actionnaires refusent d'aider les salariés en abondant un PSE.
"C'est terrible. Deux cents millions ont été investis dans l'entreprise. Les salariés n'en ont pas vu la couleur et on se retrouve aujourd'hui sans indemnité supra-légale, avec un quart du salaire mensuel par année d'ancienneté. Et les gens sont au SMIC", a-t-elle dit à l'AFP.
Remade a été lancée en 2014, embauchant à tour de bras (le groupe compte au total, toutes filiales confondues, 500 salariés contre 680 en septembre) avant d'être placé en redressement judiciaire fin septembre. Sa principale filiale, Remade SAS, a été placée en liquidation avec poursuite d'activité le 28 novembre.
Le tribunal de commerce de Rouen doit examiner mardi à 10H00 les offres de reprise. Selon la CFDT et une source proche du dossier, six ont été déposées.
Des négociations sont encore en cours. A ce stade, le groupe indien CTS, qui était client de Remade début 2019, reprendrait 96 à 110 salariés et mettrait 500.000 euros sur la table pour le stock de téléphones, selon Mme Garcia.
L'ancien président du groupe, Matthieu Millet, condamné par le passé à des interdictions de gérer d'autres sociétés, reprendrait 143 salariés et verserait 1,3 million pour le stock mais avec une condition suspensive.
La société Takara reprendrait 50 salariés dont 10 à Nice et propose un million pour le stock, selon la CFDT.
SFIT reprendrait 25 salariés avec 500.000 euros pour le stock, Smart Oh, 20 personnes avec 500.000 euros, et Recommerce ne reprendrait personne et rachèterait le stock 1,8 million d'euros, selon Mme Garcia.
Outre SAS Remade, le groupe comprend plusieurs autres filiales en procédures judiciaires également.
clc/sl
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