Un tribunal chinois a condamné l'opérateur d'un blog à verser l'équivalent de 26.000 euros à un promoteur immobilier pour "diffamation", après la publication d'un article critiquant l'influence supposée néfaste de ses bâtiments.
Le texte incriminé, publié sur le réseau social WeChat en novembre, jugeait qu'un complexe de bureaux situé à Pékin apportait la malchance à ses entreprises locataires, en raison de son irrespect des principes du "feng shui".
Le feng shui est une technique et une croyance héritée de la Chine ancienne, qui vise à harmoniser les énergies d'un lieu afin de maximiser le bien-être, la santé et la chance de ses occupants. Même en déclin, elle reste largement utilisée pour déterminer l'emplacement et l'agencement de bâtiments.
Le complexe immobilier dans le collimateur du blog "S Shenkunju S" était le Wangjing Soho, situé dans le nord-est de Pékin: un ensemble de trois immeubles aux formes futuristes et arrondies, propriété du promoteur chinois Soho.
L'article comparait notamment les constructions à des "reins de porc", prédisant pour les entreprises y ayant installé leurs bureaux un "Waterloo" pour leurs affaires -- en référence à une cuisante défaite de l'armée française en 1815.
Preuve selon le blog de l'énergie négative générée par ces bâtiments qu'il décrivait comme "farfelus", il soulignait que des compagnies y sont aujourd'hui en difficulté ou en faillite, et appelait les autres à quitter les lieux.
L'article avait circulé de façon virale sur internet et cumulé plus de 100.000 vues avant d'être effacé.
L'entreprise Soho, arguant de l'impact néfaste sur ses affaires, avait porté plainte en justice. Le tribunal du district pékinois de Chaoyang lui a donné raison.
Ce dernier a dénoncé dans un jugement publié mercredi l'utilisation de la "superstition" du feng shui pour "diffamer" le groupe immobilier. Il a condamné l'opérateur du blog à payer 200.000 yuans (26.000 euros) à Soho et à lui présenter des excuses publiques.
Le complexe visé avait été dessiné par l'architecte irako-britannique Zaha Hadid, lauréate de nombreux prix et décédée en 2016.