Après le crash d'un Boeing ukrainien près de Téhéran mercredi, et alors que de nombreux internautes spéculaient sur les causes du désastre après la diffusion d'images de la carlingue, plusieurs experts aéronautiques appelaient à "être prudent" et à éviter "les interprétations douteuses".
Le Boeing 737-800 de la compagnie ukrainienne Ukraine International Airlines (UIA) s'est écrasé moins de trois minutes après son décollage, faisant 176 morts, principalement des Iraniens et des Canadiens, un crash encore inexpliqué.
La catastrophe intervient alors que le Proche-Orient connaît de vives tensions et peu après des tirs de missiles de Téhéran visant les troupes américaines en Irak, mais rien n'indiquait que ces événements sont liés et le président ukrainien Volodymyr Zelensky a mis en garde contre toute "spéculation".
Pour autant, des clichés de la carlingue accidentée étaient très partagés sur les réseaux sociaux mercredi, par de nombreux internautes s'interrogeant sur les raisons du crash et la nature des dégâts visibles, certains les imputant aux effets d'un hypothétique missile.
"Arrêtons tout de suite la spéculation! Il faut réapprendre à être patient", a réagi un expert aéronautique joint par l'AFP, sous couvert d'anonymat.
"Les interprétations douteuses sur internet sont à éviter (...) Une tête missile SA-18 ou SA-16 laisse un +pattern+ (empreinte NDLR) vraiment spécifique (...) Le terrain, l'angle d'impact, les obstacles et la vitesse peuvent tous contribuer à des effets surfaces susceptibles de créer ces dégâts", a-t-il insisté.
Les trouées observables sur la carlingue "pourraient avoir été causées par des aubes de turbines ayant perforé l'aile", souligne auprès de l'AFP un autre expert aéronautique, américain, sous couvert d'anonymat.
"Mais je continue de croire qu'il est très improbable que le moteur ou des défauts de conception de l'appareil aient pu provoquer cette tragédie", a-t-il ajouté.
Sur les réseaux sociaux, quelques voix appelaient également à la modération, démontant certaines hypothèses avancées par des internautes.
Sur Twitter, Nick Waters, un spécialiste de l'analyse d'images numériques travaillant pour le site d'investigation Bellingcat, juxtaposait ainsi plusieurs clichés d'un même morceau de carlingue.
Or, "au moins quelques uns des +trous+" semblant apparaître sur certaines photos "s'avèrent être en réalité de petits rochers ou d'autres débris sur les images en plus haute résolution", a-t-il expliqué, appelant à "être prudent sur l'analyse des différents morceaux de l'avion".
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