La secrétaire d'État à l'Economie Agnès Pannier-Runacher a qualifié lundi de "prix équilibré" et "pas indécent" le prix de réserve fixé à 2,17 milliards d'euros au total pour l'attribution des fréquences 5G en réponse au mécontentement des opérateurs, au lendemain de l'annonce faite par le gouvernement.
"On fait en sorte d'avoir un prix équilibré, qui ne soit pas indécent", a-t-elle déclaré sur Radio Classique. "C'est la CPT (Commission des participations et des transferts) qui a fixé le prix, une autorité administrative qui évalue le patrimoine des Français chaque fois que l'on fait une privatisation. L'analyse de la CPT, c'est que ça vaut 2,17 milliards d'euros et nous nous rangeons pour le moment à ce prix-là", a souligné Mme Pannier-Runacher.
Concrètement, les quatre opérateurs disposant d'un réseau en propre, Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR, débourseront dans un premier temps 350 millions d'euros chacun pour bénéficier d'un premier bloc de 50 mégaHertz (MHz) de fréquences. Puis le reste des fréquences disponibles sera mis aux enchères.
"En Allemagne, le dernier entrant a eu le même bloc pour 700 millions d'euros", a relevé la secrétaire d'Etat. "Notre vision était d'assurer un minimum de blocs permettant à chacun des acteurs d'être présent, de faire la concurrence et de ne pas être exclu du marché. 200 MHz de socle de service public et 110 MHz à la concurrence, ça nous paraît particulièrement équilibré".
"Les gros opérateurs connaissent parfaitement les règles du jeu, ils auraient préféré des blocs de 40 MHz", a poursuivi Mme Pannier-Runacher. "Les opérateurs font leurs choix stratégiques en fonction des moyens dont ils disposent", a-t-elle ajouté.
L'Autorité de régulation des télécoms (Arcep), qui militait pour un prix de réserve assez bas afin de permettre à tous les opérateurs de concourir, avait demandé que le prix de réserve soit fixé à 1,5 milliard d'euros.
Les opérateurs télécoms ont critiqué le schéma retenu par le gouvernement, car ils auraient préféré éviter un processus d'enchères qui risque de pousser leur addition à la hausse. Le marché des opérateurs télécom "a mis 10 ans à trouver son équilibre" sur le déploiement de la fibre et de la 4G, "mettre des enchères risque de provoquer à nouveau de violents déséquilibres", a regretté lundi une source chez l'opérateur Free.
Par ailleurs, Mme Pannier-Runacher s'est voulue rassurante concernant la loi chargée d'assurer la sécurisation des réseaux alors que le fournisseur chinois Huawei est accusé par Washington d'espionner ses clients pour le compte de Pékin.
"Huawei défraie la chronique mais où seront les autres équipementiers dans 15 ans, quel sera leur actionnariat? Ils seront contrôlés, comme les autres équipementiers, équipement par équipement comme on le fait déjà de manière réglementaire", a-t-elle assuré.
"Les règles du jeu sont très claires. On est sur un sujet de sécurité. On ne peut pas se permettre d'avoir du hacking ou un problème de mauvaise programmation. Notre sujet, ce n'est pas Huawei, c'est que les équipementiers présentent une offre sécuritaire de qualité", a-t-elle conclu.